Art moderne

Monumental Zadkine

Par Thomas Schlesser · L'ŒIL

Le 1 juillet 2003 - 368 mots

PARIS

On sait la place considérable qu’accorda Ossip Zadkine à la commande de monuments après la Seconde Guerre mondiale.

De 1956 à 1966, l’artiste russe consacra ainsi une large part de ses recherches esthétiques à la figuration de Vincent et Théo Van Gogh. Recherches d’où allaient naître le Monument à Van Gogh d’Auvers-sur-Oise (1961), celui à Vincent et Théo de Zundert (1963) et le buste de Van Gogh à Saint-Rémy-de-Provence (1966). Autant de créations magistrales dont Noëlle Chabert, conservatrice du musée Zadkine, nous présente les œuvres préparatoires et l’historique. Cette exposition « Vus par Zadkine » permet d’abord de saisir une petite révolution de l’époque : la découverte du rôle de Théo dans la vie de son frère. La première édition française de la correspondance de Vincent à Théo en 1960 et les séries consécutvives d’études sur leur « symbiose » – en rupture avec Le Suicidé de la société d’Artaud – marquent en effet Zadkine en profondeur. Leur lien passionnel, qui fit écrire à Viviane Forrester « on ne saura jamais qui prend, qui offre, ni tout à fait qui peint », inspire au sculpteur russe son Monument aux frères Van Gogh, une composition très proche de sa Forêt humaine : les deux figures, dont les lignes oscillent rythmiquement entre fluidité et rigidité, y sont ajourées, construites autour d’un vide central et possèdent une dimension poétique très prégnante. Sans doute moins puissant, mais plus émouvant peut-être, le buste de Saint-Rémy-de-Provence ne montre pas Vincent en peintre possédé par son art, comme dans le Van Gogh à la palette, elle révèle un homme au visage cave arborant simplement dans sa main l’ultime lettre à son frère. L’exposition nous permet également de découvrir la façon dont ces monuments ont été transportés et inaugurés à travers d’étonnants films ou reportages photographiques et donne même à voir un court-métrage rarissime de Pialat sur Van Gogh datant de 1966. Le musée Zadkine fête ainsi à sa (fort belle) manière le cent cinquantième anniversaire du peintre.

« Vus par Zadkine », PARIS, musée Zadkine, 100 bis rue d’Assas, VIe, tel. 01 55 42 77 20, 25 avril-21 septembre. À voir aussi la stupéfiante installation de Susanna Fritscher, dans l’atelier du musée, 15 mai-5 octobre.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°549 du 1 juillet 2003, avec le titre suivant : Monumental Zadkine

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