Lignes et détournements : le Triage

L'ŒIL

Le 1 juillet 2003 - 427 mots

Treize jeunes artistes inaugurent les salles fraîchement rénovées du Triage, un centre d’art qui ouvre ses portes à Nanterre. À deux pas de l’université et néanmoins en pleine « friche industrielle », cette ancienne gare abrite une initiative hors du commun, tant par l’origine privée de son financement que par la manière de vouloir être un lieu d’échange avec son environnement direct, aussi bien l’université que les habitants de Nanterre.
Ainsi pour la première exposition, Cécile Marie, directrice artistique du lieu a-t-elle choisi un thème qui « parle » à tout le monde, le dessin. Du croquis sur un coin de nappe au graphique en passant par le schéma ou le plan, le dessin est en effet le corrélat universel de la pensée et de la communication. Quelle est la place dévolue à cette activité, traditionnelle s’il en est, au sein des pratiques contemporaines ? Sur quel mode les artistes actuels l’envisagent-il ? C’est autour de ces questions que l’exposition et le travail intéressant du catalogue gravitent.
Contrairement à la plupart des expositions de groupe, chaque artiste dispose ici de suffisamment d’espace pour proposer un aperçu représentatif de son travail et développer une vraie proposition. Ainsi, à travers les dessins sur papier de Patrice Pantin, les peintures murales de Michel Guillet, les sculptures d’Elsa Sahal, ou les vidéos de Lydie Jean-Dit-Panel, se joue un rapport à la ligne et à ses détournements. Certains travaux jouent du retournement de manière exemplaire, tels ces tableaux commencés à la peinture, finis au crayon de Jérôme Boutterin. D’autres tissent entre le dessin et d’autres pratiques un lien évident ou ténu, visible ou invisible. C’est le cas de Béatrice Cussol qui parallèlement à sa pratique du dessin a une activité d’écrivain. C’est également celui d’Olga Boldyreff, pour qui le trait devient une cordelette tissée dans l’espace et un lien social. Au-delà de la manière qu’a chacun de se définir vis-à-vis de la ligne ou du trait, c’est un vaste aperçu de pratiques singulières qui nous est proposé ici, dont certaines sont particulièrement intéressantes et très bien présentées. Avec cette première exposition, c’est le dynamisme et l’originalité d’une entreprise qui ambitionne de devenir un des foyers de la création contemporaine qu’il faut saluer. Notons qu’en marge des expositions seront programmées vidéos, rencontres et tables rondes ; de bonnes raisons d’aller goûter de la poésie particulière de ces friches industrielles.

L'exposition

« Lignes Singulières », du 23 mai au 27 juillet, du mardi au dimanche de 11 h à 19 h. NANTERRE (92), Le Triage, 1 rue Noël Pons, tél. 01 56 83 18 34.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°549 du 1 juillet 2003, avec le titre suivant : Lignes et détournements : le Triage

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