Anne Samson, un mécène moderne

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 1 juillet 2003 - 746 mots

Le Plan pour la relance du mécénat et des fondations, présenté cet hiver, a montré la volonté du gouvernement de dynamiser une pratique encore trop rare en France. Exception confirmant la règle, le groupe NSMD (Banque de Neuflize Schlumberger Mallet Demachy), dont Anne Samson est la directrice de communication depuis 1990, représente certainement l’une des entreprises œuvrant le plus en hexagone pour les arts plastiques et le patrimoine.
Forte d’expériences et d’études dans la finance et la communication, Anne Samson propose à son arrivée de mettre en place une action de mécénat artistique portant aussi bien sur la valorisation du patrimoine historique que sur le soutien à la création contemporaine. Au-delà de la consolidation de l’image élitiste, haut de gamme dont bénéficie déjà la banque, cette action prolonge une tradition entamée de longue date par les fondateurs. Rémy Schlumberger, héritier de l’un d’eux, soutenait notamment la photographie et était président du Patrimoine photographique et de la fondation Jacques Henri Lartigue. « Nous avons fait revivre des actions qui existaient déjà par le passé et, même si à l’époque nous n’appelions pas ça mécénat, notre banque a toujours été proche des artistes. » D’ailleurs, un certain monsieur André, descendant de la maison André de Neuflize, un autre fondateur, épousa un jour une madame Jacquemart, donnant par la suite un musée dont on laissera deviner le nom...
La maison mère, située à Amsterdam, possède quant à elle depuis 1977 une fondation, riche à présent de près de quarante mille œuvres, quant à l’antenne de Chicago est pourvue d’une collection d’entreprise depuis trente-cinq ans.
La filiale française soutient des institutions comme la direction des Musées de France, notamment pour le Printemps des musées, ou encore le musée de Strasbourg et la Maison européenne de la photographie, dont elle aide à l’acquisition d’œuvres. En 1997, la fondation NSM Vie, entièrement dévolue à la photographie contemporaine, est créée. L’idée de départ était de soutenir un médium émergent, avant-gardiste. « Nous avons aimé également la lecture immédiate, directe qu’offrait la photographie ». À présent, quelque sept cents œuvres ont été acquises, dont une grande partie est présentée au Centre national de la photographie de Paris jusqu’au 28 août sous le titre « Fables de l’identité » (cf. pp. 66-67). Cette collection s’est en effet formée autour du thème du portrait, de l’humain, métier relationnel du banquier oblige ! Sans oublier que jusqu’à une période récente,
les effigies des fondateurs ornaient les murs des bureaux et salles de réunion. De ces peintures aux images de Rineke Dijkstra, Paul Facchetti, Gisèle Freund ou Jérôme Schlomoff, il n’y avait qu’un pas ! Quant à présenter ces tirages dans un lieu permanent, « cela est pour l’instant un rêve, qui n’est pas encore à l’ordre du jour », sourit Anne Samson. L’actualité porte davantage sur l’ouverture à un autre médium, celui de la vidéo, dont la production de la dernière œuvre des jumelles Martin, présentée au CNP, fournit l’une des premières applications. « Même si nous sommes très fiers que notre collection soit exposée, une collection a toujours un côté statique, c’est pour cela que nous sommes très attachés à l’idée de passer des commandes directement aux artistes. » Ces dernières années, ces commandes ou aides à la production se sont développées, portant aussi bien sur des photos que sur des objets, et les clients ont pu se voir offrir des assiettes de Claude Viallat ou des tasses dessinées par Fabrice Hybert. Et si, pour l’instant, ce mécénat se cantonne à la France, des projets pourront voir le jour dans un futur proche en Belgique ou en Suisse.
Parmi les nombreuses actions entreprises pour la rentrée, on pourra citer la participation au Printemps de septembre pour lequel l’artiste Anne Brégeaut a réalisé de très poétiques boules de neige évoquant des noms de terres disparues ou n’ayant jamais existé. Ces noms se dévoilent lorsque la boule est secouée et se retrouvent recouverts par la neige au bout de quelques secondes... Ou encore le parrainage du premier prix Henri Cartier-Bresson, décerné par la jeune fondation éponyme et attribué cette année au Canadien Larry Towell, ainsi que le partenariat avec la Biennale de Lyon, permettant l’aide à la production de l’installation de Didier Marcel.
Le plus difficile du travail d’Anne Samson demeure aujourd’hui de gérer les refus car l’entreprise est de plus en plus sollicitée par les institutionnels comme par les artistes. Le monde de l’art semble n’attendre qu’une chose : que le groupe NSMD serve d’exemple à d’autres.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°549 du 1 juillet 2003, avec le titre suivant : Anne Samson, un mécène moderne

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