Claude Duthuit-Matisse, président de la société Héritiers Matisse

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 septembre 2003 - 355 mots

 « Il est essentiel de considérer le droit d’auteur et la défense morale d’une œuvre plus qu’une obligation, plus qu’un droit, mais avant tout comme un hommage à l’art et à son créateur. Il est vital de veiller minutieusement à l’intégrité d’une œuvre dont on se porte garant. La succession Matisse quitta la Spadem autant qu’elle nous quitta. En démissionnant, nous sommes restés dans la carrière des monolithes de l’art et avons emboîté le pas de leur descendance directe, de leurs champions : Sonia Delaunay, Isabelle Rouault, Marguerite Duthuit-Matisse. Malgré de pénibles et inutiles déchirements, notre bon droit a prévalu et avec cela une pérennité précieusement sauvée.
La tendance actuelle des sociétés de droits d’auteurs d’aller vers la gestion collective ne peut correspondre, par exemple, à l’application rigoureuse du cahier des charges légué par Henri Matisse. Notre tâche en est simplifiée sans pour autant en être plus facile. Les exigences de la succession Matisse dépassent l’évaluation des couleurs et des formats. À ces vérifications de base, il faut ajouter une appréciation raisonnable de ce qui est commercial et de ce qui ne l’est pas tout en guidant l’éditeur vers un choix puisé dans la variété des barèmes disponibles. Nous en voilà au cas par cas, ce qui exige une sérieuse cohésion des responsables. C’est donc dans l’impossibilité de répondre à ce travail d’entomologiste doublé de comptable, que les services proposés par les sociétés de droit d’auteur ne peuvent convenir à notre cas particulier.
L’instauration d’un barème dégressif concernant le droit de suite doit être d’une clarté aveuglante puisque d’année en année, ce dernier est remis en question avec la même candeur. Je ne connais aucune succession dite « grande » qui ne soit pas d’accord avec l’application d’un barème rationnel en harmonie avec les valeurs de l’époque. Reste le désir que partagent certains d’appliquer le droit de présentation. Cela aidera les artistes, dit-on, mais l’analyse d’une pareille mesure est aussi implacable qu’une règle de trois. Le résultat et le bénéfice seraient encore dans le jardin des belles successions. Au détriment de qui ? C’est tout réfléchi : des jeunes artistes et de leurs galeries. »

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°550 du 1 septembre 2003, avec le titre suivant : Claude Duthuit-Matisse, président de la société Héritiers Matisse

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