Mystérieux vaudou

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 1 septembre 2003 - 340 mots

La belle exposition intitulée « Vaudou » conçue par Michel Le Bris pour l’abbaye de Daoulas est centrée sur un ensemble de cultes qui se pratiquent de nos jours en Haïti. Mais il faut bien réaliser
qu’ils sont la résultante d’un long cheminement. Né de l’esclavage, le vaudou a son origine en Afrique, principalement au Togo et dans l’ancien Dahomey, mais aussi parmi des populations de langue bantou d’Afrique centrale. Arrachés à leur pays, vendus comme esclaves, ces hommes et femmes en ont gardé leurs croyances traditionnelles auxquelles se sont amalgamées les pratiques chrétiennes imposées par les missionnaires jésuites. Ainsi sont nés parmi les populations défavorisées d’Haïti des cultes syncrétiques qui accordent une grande place au surnaturel et aux transes. Les nombreuses divinités du panthéon dahoméen sont devenues les loas, puissances occultes, esprits invisibles qui agissent sur la vie des vivants et même sur les âmes après la mort, générant les zombi. Au centre des lieux de culte se trouve le poto mitan, poteau central autour duquel dansent les fidèles. L’un des principaux loas, Damballah, est représenté sous la forme d’une couleuvre sacrée. La religion a récupéré la magie africaine, magie blanche destinée à protéger, ou magie noire pour faire mourir un ennemi. De nombreux talismans utilisés dans ces buts correspondent au nkisi chargé de « paquets » de « médecines » bien connus chez les Kongo des siècles passés. Agissant en tant que ciment social, le vaudou a fait naître parmi ces gens d’origines différentes une conscience commune qui leur permit, dès 1804, de conquérir leur liberté. Mais aussi, plongeant de profondes racines dans l’inconscient populaire, le vaudou a nourri l’imaginaire d’une brillante école de peintres « naïfs », souvent analphabètes, parfois proches du Douanier Rousseau ; cette école a produit quantité de toiles hautes en couleur, souvent plus fantastiques que naïves qui ont suscité l’enthousiasme d’André Malraux et André Breton.

« Vaudou », DAOULAS (29), abbaye, 21 rue de l’église, tél. 02 98 25 84 39, 27 juin-11 janvier 2004. Vaudou, hors-série de L’Œil, 35 p., 7 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°550 du 1 septembre 2003, avec le titre suivant : Mystérieux vaudou

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