A chacun sa Vénus

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 septembre 2003 - 382 mots

À propos de Vénus, on pourrait dire sans exagérer qu’elle est à l’Antiquité ce que Marilyn est à notre époque contemporaine : une idole, une icône, que chacun s’approprie à sa guise. Celle qui a longtemps présidé à la végétation et aux jardins, puis qui fut assimilée à l’Aphrodite grecque est depuis l’été l’invitée du donjon de Vez. Une façon de fêter divinement les dix ans d’activité de ce lieu hors norme que son propriétaire, le commissaire Francis Briest, a choisi de réhabiliter et d’animer périodiquement à l’heure moderne et contemporaine. « Pour l’amour de Vénus » – comme le proclame le titre de l’exposition – les artistes sont très nombreux dans l’histoire de l’art qui se sont commis en inventions de toutes sortes pour en célébrer le culte. Et la figure en plâtre, qui traîne dans les couloirs de toute école des beaux-arts digne de ce nom, a fait rêver, voire fantasmer, plus d’un étudiant. Depuis la Vénus de Milo jusqu’à celle aux chiffons de Michelangelo Pistoletto, la bonne dame en a vu de toutes les distorsions formelles et colorées, de toutes les mises en pièces aussi, de toutes les agressions parfois. C’est qu’on ne symbolise pas l’Amour et la Beauté sans prendre de risque, tant il s’agit là de concepts subjectifs et idéaux. De Rodin à Lee Bull en passant par Maillol, Dali, Zadkine, Klein, Shapiro, Combas et les autres, si ce n’est pas une anthologie du thème que l’on peut voir à Vez, cela y ressemble. Tour à tour noire ou bleue, aux tiroirs, à la girafe ou aux couteaux, sans bras, à sa toilette ou parisienne, la figure de Vénus est l’objet d’une vénération mythique. Sujet incontournable d’une façon de s’inscrire, sinon de souscrire, à une tradition à laquelle on ne veut, on ne peut échapper. À preuve, l’action de l’association des Amis du donjon de Vez qui, jugeant trop pénible l’absence de certains, leur a donné carte blanche pour réaliser un travail. Ben, Corpet, Hybert, Pencréac’h et Rancillac ont ainsi chacun reçu une copie en plâtre grandeur nature de la Vénus de Milo ; à charge pour eux d’en faire une œuvre.

« Pour l’amour de Vénus », VEZ (60), donjon de Vez, vallée de l’Automne, rue Croix-Rebours, tél. 03 44 88 55 18, 14 juin-5 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°550 du 1 septembre 2003, avec le titre suivant : A chacun sa Vénus

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