Didier Vermeiren, rudiments de sculpture

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 octobre 2003 - 368 mots

Une magnifique photographie de Didier Vermeiren le montre en contre-plongée à vélo dans son atelier de Bruxelles circulant à l’aise dans un immense entrepôt entre d’imposants volumes parfois superposés. Extraite d’un film intitulé Obstacle au mouvement, réalisé par Elsa Cayo en forme de portrait du sculpteur, cette image illustre à merveille les préoccupations de l’artiste.
De fait, sa rigueur construite joue de l’opposition, d’une part, entre l’élément mobile qu’est le cycliste et la masse statique des solides simplement posés là, de l’autre, entre la tache sombre que fait l’artiste sur son vélo et le monde proprement immaculé de ses sculptures. De plus, la façon qu’il a de déambuler tout autour – comme l’on fait ordinairement autour d’une sculpture – sanctionne d’emblée l’attachement de Vermeiren à une définition mémorable de celle-ci.
Né à Bruxelles en 1951, Didier Vermeiren développe depuis près de trente ans une œuvre fondée sur l’analyse de quelques référents historiques majeurs – Rodin en tête – dont elle décline la structure selon des modalités qui cultivent tant une approche minimaliste que conceptuelle. Très attaché à l’idée que la sculpture démarre au sol, Vermeiren s’est plus particulièrement intéressé à la notion de socle pour en faire le lieu privilégié de sa réflexion et libérer celui-ci de son statut d’accessoire ou de faire-valoir. Aux processus de production qui caractérisent le fait de sculpture, à savoir la pratique du positif et du négatif, Vermeiren attache une importance déterminante, comme il en est des questions d’équilibre, de poids et de pesanteur propres à cet art.
Les œuvres de Didier Vermeiren se proposent comme des solides qui procèdent pour la plupart du moulage de figures de référence rendues à leur état le plus rudimentaire ; l’artiste s’intéressant aux rudiments du langage de la sculpture dans ses relations à l’espace réel. La pratique de la photographie qui accompagne l’œuvre sculptée quasiment depuis le début est une façon d’en privilégier un point de vue en arrêtant le regard car « ce n’est pas seulement l’objet montré qui est en jeu mais aussi son émergence en un temps et un lieu », précise l’artiste.

« Collection de Solides », EINDHOVEN (Pays-Bas), Van Abbe Museum, Bilderdijklaan 10, tél. 00 31 (0)40 238 1000, 13 sept.-9 nov.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°551 du 1 octobre 2003, avec le titre suivant : Didier Vermeiren, rudiments de sculpture

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