Frédéric BrulyBouabré, grand magicien

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 octobre 2003 - 365 mots

Sage ? Prophète ? ou philosophe ? Laquelle de ces trois qualités correspond-elle le mieux à Frédéric BrulyBouabré ? Sans aucun doute, toutes les trois réunies. Originaire de Côte-d’Ivoire, né à Zéprégühé en 1923, rien ne destinait ce « nègre de race violette » – comme il aime à se présenter –  à devenir l’un des plus grands artistes africains contemporains. Embauché au Sénégal, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, comme cheminot du Dakar-Niger, en qualité de commis aux écritures, BrulyBouabré va vivre le 11 mars 1948 un événement peu banal, l’apparition de « Céleste Dieu » dans une merveilleuse vision solaire. Dès lors, l’homme décide de vouer sa vie « à l’enseignement des vérités divines qui lui sont communiquées en rêve. Il note tout : le geste quotidien du paysan ou du villageois au champ, au marché, à la chasse, à la cuisine, mais aussi les mythes cosmiques. » (Denis Escudier.) Multipliant écrits et dessins, lesquels sont le plus souvent associés dans des compositions aux crayons de couleur sur carton, Frédéric BrulyBouabré s’est fait au fil du temps l’archiviste de sa culture et l’explorateur des traditions orales qui en fondent le passé. Réputé pour être le « Champollion de l’Afrique noire », l’artiste qui, ce faisant, a créé une nouvelle écriture « bété », inspirée des cailloux de Békora, un village à l’ouest de la Côte-d’Ivoire, a constitué ainsi une œuvre graphique puissamment originale. Depuis bientôt quinze ans qu’on l’a découverte dans l’exposition pionnière des « Magiciens de la terre », elle est l’objet de nombreuses expositions qui sont chaque fois l’occasion d’une invitation à poser sur le monde un regard humble et simple.
Les images de BrulyBouabré nous parlent d’autant plus aisément qu’elles sont d’un accès immédiat et que ce qu’elles nous content sur le mode de la bande dessinée offre une vision universelle. Sur la vie comme elle va. Sur le monde comme il tourne. Bref, sur l’homme et sa destinée. Contes et légendes en quelque sorte qui ne sont dépourvus ni d’humeur, ni d’humour.

« Frédéric BrulyBouabré, “le Champollion de l’Afrique noire”? », FIGEAC (46),musée Champollion, 4 rue des Frères Champollion, tél. 05 65 50 16 79, 5 juillet-26 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°551 du 1 octobre 2003, avec le titre suivant : Frédéric BrulyBouabré, grand magicien

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