Calder en deux dimensions

L'ŒIL

Le 1 décembre 2003 - 366 mots

« Le studio de Mondrian, large, clair, irrégulier, était à l’image de ses peintures – une sorte de transfert spatial. Les murs blancs immaculés étaient composés de rectangles amovibles, en rouge, bleu et jaune. Le cube rouge d’un phonographe accentuait le calme spatial de la pièce centrale […] La lumière se croisait […] et je songeai à ce moment comme ce serait beau si tout se mettait à bouger […] Je revins chez moi et me mis à peindre. Mais le fil de fer ou une chose à tordre ou déchirer est plus apte à saisir ma façon de penser. »
La rencontre d’Alexander Calder (1898-1976) avec l’univers de Mondrian est décisive dans son évolution artistique et dans le développement de son goût pour l’abstraction, le jeu sur les formes
et les couleurs, l’équilibre et le mouvement qui vont définir ses mobiles, mais aussi ses dessins et
ses peintures dont il est plus précisément question dans cette exposition. Après cette rencontre en 1930, Calder rejoint le groupe Abstraction Création, aux côtés de Delaunay, Hélion, Pevsner, Arp, et crée ses premiers mobiles l’année suivante, sculptures cinétiques qui « attrapent le vent » et évoluent selon leur propre rythme, au gré de la circulation de l’air.
Un nombre important de grandes gouaches et d’œuvres graphiques – préparatoires ou autonomes – révèlent au musée de Lodève un aspect moins connu du travail de Calder. Quatre-vingt-dix pièces sont réunies – peintures, sculptures, dessins, tapis –, la plupart produites au cours des années 1960 et 1970. On retrouve dans ses gouaches le même univers que dans ses sculptures : de forts contrastes entre le noir et le blanc, l’usage de couleurs primaires et de formes fantaisistes, la spirale, l’hélice,
les entrelacs, autant de motifs décoratifs et dynamiques (Split Boulders, 1974 ; Sans titre, 1970). Selon Calder, un mobile réussi est « un poème qui danse avec l’allégresse de la vie et de ses surprises ». Il en va de même pour ses compositions en deux dimensions, par l’énergie et le mouvement qu’elles expriment, cette liberté légère et poétique qui les caractérise.

« Calder », LODÈVE (34), musée de Lodève, square Georges Auric, tél. 04 67 88 86 10, 15 nov.-15 fév.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°553 du 1 décembre 2003, avec le titre suivant : Calder en deux dimensions

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