La vie des salons...

L'ŒIL

Le 1 décembre 2003 - 475 mots

Depuis sa création en 1996, le salon Paris Photo qui vient de réunir une centaine d’exposants au Carrousel du Louvre a réussi le pari de transformer périodiquement la capitale en rendez-vous obligé des amateurs de photographie. Proposant aussi bien des pièces anciennes que contemporaines, de tous styles et de tous formats, Paris Photo mêle les œuvres dites « plasticiennes » et la photographie au sens large. Son fondateur et directeur artistique, Rik Gadella, parvient ainsi à attirer dans ce lieu assez ingrat qu’est le Carrousel, un nombre considérable de visiteurs et une majorité de galeries étrangères (une soixantaine et non des moindres). À la cohue du vernissage succèdent généralement des visiteurs plus rares mais bon enfant, ravis d’y retrouver les grandes figures connues (Man Ray, Diane Arbus, Brassaï, Weston…), d’y découvrir des œuvres contemporaines à des prix accessibles – des épreuves dont les prix vont de quelques centaines d’euros à 100 000 euros – même si, cette année, les « vedettes » du marché, Gursky, Jeff Wall, Cindy Sherman… étaient pour la plupart absentes.
Cette relative bonne humeur, perceptible à Paris Photo, ne régnait pas chez les professionnels cette année à la Fiac. Entre la campagne de dénigrement dans quelques titres de la presse française avant même l’ouverture et l’explosion survenue le 10 octobre sur le stand de la galerie Krinzinger de Vienne (qui ne fit heureusement que deux blessés légers et que l’on a attribuée à un « mouvement protestataire »), elle semblait devoir se défendre d’exister. Peut-être à juste titre. Après tout, il est vrai que la Fiac, trente ans après sa création, semble être passée du statut d’événement indispensable et international à celui de foire certes sympathique, et parfois même réussie, mais quasi régionale. En
revanche, tout le monde attendait impatiemment la toute première édition du Frieze Art Fair de Londres, encensée avant même d’avoir vu le jour. Cette conduite répercutée par les médias, qui semble suicidaire pour le marché de l’art en France, couvre-t-elle d’autres enjeux ? Faut-il jeter la Fiac avec l’eau du bain, alors même que se multiplient, sur une période de quelques semaines, plusieurs foires en concurrence immédiate – celles de Berlin, Cologne, Frieze à Londres ; sans oublier, sur l’année, celles de New York, de Miami (Art Basel Miami Beach, qui se tient en décembre) et bien sûr l’incontournable foire de Bâle (Art Basel)…
La Fiac est passée ces dernières années par de multiples vicissitudes (dont l’avant-dernier épisode fut le départ d’Yvon Lambert du Cofiac), elle a connu à la mi-novembre un nouveau rebondissement : l’annonce de la dissolution du Cofiac et de la nomination de la galeriste Jennifer Flay au poste de directrice artistique d’une « nouvelle » Fiac – Reed restant propriétaire. Jennifer Flay se dit, selon Le Figaro, « résolue à rendre cette institution française “attractive, séduisante et sexy” ». On attend de voir. 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°553 du 1 décembre 2003, avec le titre suivant : La vie des salons...

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