Les monochromes lumineux de Mary Corse

Par Renaud Faroux · L'ŒIL

Le 1 janvier 2004 - 384 mots

L’originalité des tableaux de Mary Corse tient en premier lieu à leur sujet : la lumière. 

Depuis 1968, Mary Corse intègre dans ses tableaux de la poussière de verre qu’elle mélange au pigment. Ces petits prismes forment une fine pellicule scintillante de lumière qui illustre son côté éphémère et apporte une radiance interne à l’œuvre.

Corse divise la surface de ses monochromes, ici avec un effet de grillage, là une simple arche, ou encore des bandes verticales de différentes largeurs. La surface du tableau change, s’active en fonction des positions, de l’éclairage. Alors le simple monochrome blanc s’étoile de contrastes subtils. À chaque fluctuation des rayons lumineux apparaissent des teintes nouvelles.

Les microsphères de verre sont appliquées alternativement dans des zones précises tandis que les coups de pinceau renforcent l’effet de mouvement et de lumière. Cette fascination quasi scientifique pour la lumière aussi bien que pour l’exploration de ses qualités éternelles renvoient à l’intérêt de Corse pour la physique et la philosophie. Elle ne fait pas une mise au point sur des perceptions absolues, mais investit au contraire une expression abstraite de la lumière réfractée dans sa peinture, une réalité changeante qui apparaît et disparaît. On pense ici aux « champs colorés » de l’école de New York et particulièrement au travail sur le noir d’Ad Reinhardt. Comme lui, Corse est intéressée par la philosophie zen et cherche à transmettre existence et vérité par une réduction maximale des éléments. Mais l’œuvre de Mary Corse s’inscrit surtout dans un courant de la Californie du Sud qui émergea à la fin des années 1960 avec le Light & Space mouvement illustré par des artistes comme James Turrell, Robert Irwin et Douglas Wheeler. En même temps se tient pour la deuxième fois dans le vaste espace de la galerie « Ace Invitational », une carte blanche lancée à plus de vingt-cinq artistes qui travaillent à Los Angeles, à New York, en Autriche, en Allemagne, en Suisse, en Grande-Bretagne... dont Tim Hawkinson, Tara Donovan, Ken Feingold, John Millei, Peter Wuthrich, ou encore Santiago Sierra. Ainsi à la rigueur et au calme quasi monastique de Mary Corse sont confrontés des installations, des photos, des tableaux des jeunes talents d’aujourd’hui.

« Mary Corse, Ace Invitational » LOS ANGELES, Ace Gallery, 5514 Wilshire Boulevard, tél. 323 935 4411, jusqu’au 21 fév.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°554 du 1 janvier 2004, avec le titre suivant : Les monochromes lumineux de Mary Corse

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