Art contemporain

Kiki Smith : impressions et éditions

Par Christophe Perez · L'ŒIL

Le 1 février 2004 - 346 mots

L’une des expositions les plus fascinantes de cet hiver à New York est assurément celle que le MoMA Queens consacre à l’œuvre imprimé et aux éditions de Kiki Smith – la première exposition muséale de cet aspect de son travail.

Plus connue pour ses sculptures, Kiki Smith (la fille de Tony Smith) a produit, depuis son installation à New York en 1976, nombre de gravures, livres d’artiste et multiples, privilégiant une approche autodidacte, intuitive et expérimentale. Dès le début des années 1980, dans l’effervescence « arty » du Lower East Side, elle produisait des éditions qu’elle vendait notamment par l’entremise de Collaborative Projects, un groupe de jeunes artistes engagés pour une « démocratisation » de l’art. Ainsi les premières éditions de Kiki Smith étaient des affiches, de petites sculptures en plâtre, mais aussi des tee-shirts et des écharpes. Déjà, dans ces premiers essais, apparaît l’obsession de l’anatomie. Extérieur comme intérieur, ouvert, découpé, écorché, le corps, le sien particulier, est un objet d’investigation récurrent dans l’œuvre entière de Kiki Smith. Pour plusieurs gravures produites au début des années 1990, elle a utilisé son corps comme sujet et en même temps comme outil du processus de gravure, en se couchant sur la pierre lithographique ou sur la vitre d’une flasheuse (machine utilisée en photogravure). Quand ce n’est pas l’empreinte de son propre corps, c’est par exemple l’empreinte de deux pommes de terres ou de billes de verre qui est utilisée pour figurer des reins ou d’autres organes. L’exposition révèle une pratique de la gravure très inventive, souvent improvisée et mêlant plusieurs techniques, attentive avant tout au potentiel poétique des matériaux. Il révèle également un univers intime et étrange, fait d’infinies délicatesses et de violence extrême, à travers lequel on reconnaît un des axes les plus importants du travail de Kiki Smith, à savoir un inlassable questionnement de la féminité.

« Kiki Smith », NEW YORK (USA), MoMAQNS, 45-20 33th Street, Long Island City, Queens, tél. 1 212 708 9400, 5 décembre-8 mars. Le MoMA propose sur son site une version « en ligne » de l’exposition : www.moma.org/exhibitions/2003/kikismith/

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°555 du 1 février 2004, avec le titre suivant : Kiki Smith : impressions et éditions

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