Claude Viallat, variations colorées

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 février 2004 - 358 mots

Avec cette forme aux allures d’osselet qu’il n’a de cesse de multiplier en surface de ses peintures depuis près de quarante ans, Claude Viallat constitue une œuvre d’une étonnante et paradoxale vitalité. Alors même que l’on pourrait penser – et d’aucuns ne s’en privent pas ! – que l’artiste se contente d’exploiter un système parfaitement mis au point, il suffit de parcourir le travail accompli pour s’apercevoir qu’il n’en est rien. Aucune exposition de Viallat ne ressemble à la précédente et si son œuvre se développe sur un mode apparemment répétitif, c’est qu’il est question non de système mais
de méthode. La différence est considérable. Elle lui permet d’éviter l’écueil majeur de l’ennui au bénéfice d’une aventure plastique qui, si elle est réglée, est fondamentalement libre dans la façon dont elle se décline. À l’instar de ces chants dont les modulations infinies ne sont jamais les mêmes, l’art de Claude Viallat joue des ingrédients essentiels qui font la peinture : composition et couleur. Quelque chose d’une analogie avec la musique est à l’œuvre dans la peinture de Viallat qui en appelle aux notions de construction, de rythme, de silence, d’allegro, de presto et autres critères abstraits qui fondent celle-ci. La façon qu’a le peintre de composer ces fragments de toiles et ces morceaux de tissus colorés, les uns bruts de matière, les autres chatoyants, procède d’une véritable orchestration de l’espace que la couleur timbre de tons divers et variés. La nouvelle livraison de Viallat que l’on peut voir chez Daniel Templon, intitulée Portes et fenêtres, montre tout un lot de pièces dont l’assemblage relève d’une organisation assez rigoureuse et dont les figures très génériques réfèrent à ces éléments d’architecture. L’emploi de morceaux de tissus, ici rayés, là ajourés, là encore soyeux, permet au peintre toutes sortes de combinaisons matérielles enrichies par la diversité colorée de sa forme, tantôt pleine et opaque, tantôt simplement contournée. « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard » dit Mallarmé. La formule trouve chez Viallat un écho plastique d’une inépuisable force poétique.

« Claude Viallat », PARIS, galerie Daniel Templon, 30 rue Beaubourg, IIIe, tél. 01 42 72 14 10, 24 janvier-3 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°555 du 1 février 2004, avec le titre suivant : Claude Viallat, variations colorées

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