Cloaca maxima

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 2 novembre 2007 - 263 mots

Du système d’égout principal de la Rome antique à la présentation exhaustive du cycle contemporain de Wim Delvoye, il n’y a qu’un pas. Tous deux sont de merveilleux systèmes d’ingénierie civile dédiés aux déjections humaines. Delvoye a consacré ces sept dernières années à la mise au point d’une machine capable d’ingérer de la nourriture, de la digérer et de déféquer sur un plateau. Depuis la première, Cloaca original, 12 mètres de tuyauterie rutilante et un processus clinique fascinant, le Belge a perfectionné sa technique. Six autres modèles existent, de la Turbo à la N° 5 en passant par le Modèle personnel et un autre plus industriel, Le Super, exposé et activé au Mudam du Luxembourg jusqu’au 26 novembre.
Pour parvenir à un tel perfectionnement, les dessins, maquettes et identités graphiques ont été nombreux et sont tous rassemblés dans l’exposition. Y compris les étrons sous vide vendus depuis la cotation en bourse du label « Cloaca ». Car derrière cette entreprise a priori loufoque se tapit une logique implacable. La réflexion de Delvoye a une généalogie prestigieuse de la merde d’artiste en boîte de conserve de Piero Manzoni (1961) aux tourtes scatologiques de Gérard Gasiorowski, tout en offrant une réflexion sur les alliances entre art, science et commerce. Tout cet investissement, cette logistique pour offrir le plaisir au spectateur d’admirer un résultat démocratique, qui met tous les hommes sur un pied d’égalité. Après tout, la merde n’est-il pas le premier cadeau « créatif » d’un enfant à sa mère ?

« Wim Delvoye, Cloaca, 2000-2007 », Casino Luxembourg, 41, rue Notre-Dame, Luxembourg (Luxembourg), tél. 00 352 22 50 45, jusqu’au 6 janvier 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°596 du 1 novembre 2007, avec le titre suivant : Cloaca maxima

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