Quand le design rencontre le design

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 2 novembre 2007 - 323 mots

Dans un showroom de pièces d’exception, signées Thonet, Hadid, Mies van der Rohe, Breuer, Gray, Panton, etc., l’exposition confronte, met en parallèle, rapproche, bref, suggère une nouvelle histoire.

A quelle date est né le design ? Nombreux sont ceux qui situent l’enfantement quelque part entre les Arts & Crafts de la fin du XIXe siècle, en Angleterre, et le Bauhaus du début du XXe siècle, en Allemagne. Pour Jean-Louis Gaillemin, commissaire de l’exposition « Design contre design », sa naissance est antérieure. « Depuis la fin des années 1970, explique-t-il, un certain nombre de recherches universitaires et d’expositions ont montré l’existence d’autres “filières” de la modernité, notamment le néoclassicisme dont l’esthétique puriste énoncée dès le milieu du XVIIIe siècle par Johann Joachim Winckelmann correspondait aux débuts de l’industrialisation en Angleterre. » Pour Gaillemin, « ce mouvement néoclassique aboutit à des créations d’une grande rigueur qui n’avaient rien à envier à celles de 1900 et même des années 1950 ».

Nouvel acte de naissance
L’historien prend, entre autres, pour exemple la grande exposition « Moderne Vergangenheit, Wien, 1800-1900 » (« Le passé moderne ») qui a eu lieu en 1981 à la Künstlerhaus de Vienne, en Autriche, laquelle établissait que la fameuse Wiener Werkstätte, mère de la « modernité viennoise », s’était elle-même abreuvée de style Biedermeier – néoclassicisme autrichien. Bref, c’est cette thèse d’une précoce modernité doublée d’une relecture du néoclassicisme que défend Jean-Louis Gaillemin dans « Design contre design », première vaste présentation dédiée au design au Grand Palais, à Paris, depuis la célèbre exposition « Design, Miroir du siècle », montée en 1993 par l’historien Jocelyn de Noblet.
En tout, sont déployées sur quelque 1200 m2 deux cents pièces issues de l’environnement domestique et datant de la révolution industrielle à nos jours. Trois créations monumentales ancrent le parcours : le sofa Iceberg de l’architecte anglaise Zaha Hadid, la Womb House (« maison-utérus ») de l’artiste néerlandais Joep van Lieshout, enfin un exemplaire du mythique Phantasy Landscape (« paysage fantasmagorique ») du designer danois Verner Panton. Trois prouesses mises en exergue de cette nouvelle genèse du design esquissée par le commissaire.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°596 du 1 novembre 2007, avec le titre suivant : Quand le design rencontre le design

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