Etonnante maîtrise du dessin chez Khnopff

L'ŒIL

Le 1 mars 2004 - 453 mots

L’exposition consacrée au peintre Fernand Khnopff par les Musées royaux des beaux-arts de Belgique
(cf. L’Œil n° 555) met en évidence ses qualités exceptionnelles de dessinateur. Sur les deux cent soixante-cinq œuvres de sa main, présentées dans cette rétrospective, plus de la moitié sont des dessins, exécutés avec cette maîtrise qui, chez les plus grands peintres, précède les chefs-d’œuvre.
Renonçant à ses études de droit, il suit, à dix-huit ans, des cours de dessin à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles, aux côtés de James Ensor (qui évoluera plus tard vers l’expressionnisme). Au cours de plusieurs séjours à Paris, il travaille à l’académie Julian et s’intéresse à l’art d’Ingres, Delacroix, Gustave Moreau, Burne-Jones et autres pré-raphaélites. Il s’oriente alors vers un symbolisme tourmenté. Le dessin, dont il utilise librement toutes les ressources, est son principal moyen d’expression : crayon noir, crayon de couleur, fusain, sanguine, craie, encre de Chine, pastel, lavis, aquarelle et gouache. Il en combine les effets avec une étonnante virtuosité, aussi bien pour faire surgir des visages de femmes que pour brosser des portraits mondains ou encore évoquer le village de son enfance, dont il a la nostalgie.
Le tableau désigné sous le titre de Memories (1889), qui représente sept joueuses de tennis, raquette à la main, donne l’exemple d’une technique très personnelle. Les études préparatoires sont exécutées au crayon, à la sanguine et à l’encre de Chine pour aboutir à une composition finale très achevée, au pastel sur papier marouflé sur toile.
Un de ses tableaux les plus célèbres, Des caresses (1896), montre une sphinge à corps de léopard frottant sa joue contre le visage d’un éphèbe équivoque. Cette œuvre  est peinte à l’huile sur toile dans sa dernière version, après une série de dessins aux crayons de couleur.
Enfin, Khnopff s’est montré novateur en utilisant la photo comme moyen de récupération de ses propres œuvres réhaussées ensuite au pastel.
Ses dessins sur papier, signés de son nom en entier ou du monogramme (F. K.), sont particulièrement appréciés en Belgique, en Hollande et à Londres. Les études au crayon, crayon de couleur, sanguine et pastel – même de petit format – obtiennent des enchères de 5 000 à 30 000 euros. À Londres, chez Sotheby’s en juin 2003, un portrait d’enfant est monté à 105 600 livres, soit 170 000 euros. Les dessins de Khnopff sont plus rares et, de ce fait, d’un niveau de prix plus élevé que les feuilles proposées sur le marché signées de son ami et rival James Ensor. La plus forte enchère pour une œuvre de Khnopff est un portrait de femme à l’huile sur toile, daté de 1896, qui a atteint 350 000 livres (545 600 euros) chez Sotheby’s, à Londres, en juin 2002.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°556 du 1 mars 2004, avec le titre suivant : Etonnante maîtrise du dessin chez Khnopff

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