Le « Je » de Vibeke

L'ŒIL

Le 1 mars 2004 - 402 mots

Découverte à Paris par Yvon Lambert, la photographe et vidéaste norvégienne Vibeke Tandberg présentait en automne 1998 une série de vingt-deux photos couleur intitulées Living Together (1996), où elle apparaissait aux côtés de son double dans une intimité convenue propre aux photos de famille. Une complicité incestueuse se dégageait du couple de fausses vraies jumelles. Cette mise en scène de la dualité du moi est le début d’un travail sur l’identité que la photographe poursuit en 1998 avec Faces. Entre portraits et autoportraits, Vibeke se réapproprie le visage de ses amis dont elle mêle les traits aux siens par une opération informatique de morphing, engendrant une série
de personnages en chemise bleue et aux cheveux courts dont on distingue à peine l’âge et le genre.
L’artiste développe ses expériences « photogénétiques » et mélange en 1999 les traits de son visage à ceux de son amie Line, dans une série de cinq photographies du même nom. Leur amour transcende la séparation des corps et se réalise dans une superbe jeune femme au teint diaphane et aux cheveux blonds, idéal de beauté nordique représenté dans la simplicité d’un débardeur blanc. Stéréotype tourné en dérision la même année dans Beautiful, où les boucles blondes de sa perruque illuminée par un clair-obscur s’agitent de manière grotesque dans le vent. De la même façon, elle présente en 2001 avec Princess goes to bed with a mountain bike les aventures domestiques d’une princesse en peignoir blanc : narration absurde qui répond à la série contemporaine de photos Sunflowers où l’artiste déracine un tournesol pour le replanter plus loin dans le champ.
Vidéaste et actrice, Vibeke se bat en 1998 contre son double dans Boxing un film « à double exposition », puis tourne Taxi Driver Too en 2000, (Too comme « moi aussi ») sombre parodie du film de Scorsese dans laquelle elle interprète le rôle du chauffeur de taxi solitaire. L’artiste explore la même année avec Dad son complexe d’Œdipe et se photographie dans les vêtements trop grands de son père.
Vibeke Tandberg revient ce mois-ci à la galerie Lambert et nous présente quelques-unes de ses créations exposées cet hiver à Oslo, dont une série de photographies noir et blanc la représentant sous le masque d’un vieil homme, montant et descendant fébrilement un escalier.

« Vibeke Tandberg », PARIS, galerie Yvon Lambert, 108 rue Vieille du Temple, IIIe, tél. 01 42 71 09 33, 18 mars-17 avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°556 du 1 mars 2004, avec le titre suivant : Le « Je » de Vibeke

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque