La double vie de William Wegman

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 avril 2004 - 404 mots

William Wegman, tout le monde le connaît, que l’on soit amateur d’art ou pas, aucun doute possible. Il est en effet difficile de ne pas avoir vu au moins une fois une de ses images, dans une exposition, sur un calendrier ou dans des livres pour enfants. Leur marque de fabrique est évidente, ce sont ses chiens au pelage bleu-gris, stoïques quelle que soit la difficulté de la pose à tenir ou l’absurdité de la scène à « jouer ». Wegman orchestre depuis une trentaine d’années ses braques de Weimar avec beaucoup de facétie.
Il n’hésite pas à les affubler de perruques, à les humaniser pour tirer le portrait d’une société aigre-douce ; une recherche sur le comportement et la perception « emballée » dans de grands Polaroids impeccables et commercialisée à outrance sous forme de produits dérivés.
Le monde de l’art n’aime pas trop lorsqu’un artiste flirte avec une telle popularité, monte un site web appelé wegmanworld.com.
On imagine que le succès constant de ces photographies humoristiques canines obligea Wegman, pour rester dans le circuit de l’art contemporain « sérieux », à sortir des trésors moins accessibles au grand public. Des dessins ressemblant à des bandes dessinées, des aquarelles sur cartes postales, des toiles étonnamment classiques au style naïf qu’il réalise depuis la fin des années 1960 mais restées dans l’ombre des photographies et des vidéos. On a voulu les prendre pour un simple passe-temps sans plus de qualité mais devant la longévité des pratiques et leur indéniable qualité, il ne fait aucun doute que ce corpus a tout à fait sa place dans les galeries. Seront donc exposés aux côtés de photographies et des vidéos chères au maître, des dessins à l’esprit toujours cinglant, des collages, des cartes de vœux et des cartes postales rectifiées, des images annotées, corrigées ou déplacées. Ces dernières années, il s’est même attaqué à des monuments de la photographie historique américaine en travaillant directement sur des tirages d’époque du grand photographe de paysages de l’Ouest américain, Carleton Watkins, le premier à avoir popularisé les grands espaces du Yosemite. Mais cela ne fait pas peur à Wegman, lui qui aborde le challenge d’une telle exposition avec bonhomie. Il n’en a pas fini pour autant avec ses chiens, mais il faut savoir varier les plaisirs...

« Déprises et reprises : annotations, corrections et déplacements, 1968-2004 », BIGNAN (56), domaine de Kerguéhennec, tél. 02 97 60 44 44, 10 avril-20 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°557 du 1 avril 2004, avec le titre suivant : La double vie de William Wegman

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