Bruxelles, incontournable pour l’art primitif...

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 mai 2004 - 657 mots

Capitale européenne, terre gastronomique que les « moules-frites » ne sauraient entièrement représenter, Bruxelles est une scène active pour l’art primitif et
le design. Presque tous les grands professionnels étrangers viennent y faire leur marché.

Les liens entre Bruxelles et l’art africain puisent dans de vieilles racines coloniales. Dans le domaine de l’art primitif, quelques ténors internationaux comme Pierre Dartevelle, Emil Deletaille, Pierre Loos, Philippe Guimiot, récemment retiré, et Bernard de Grunne tiennent le haut du pavé.

« La toile du marché français est plus importante, mais Bruxelles se maintient bien par rapport à la taille de sa population. Il existe à Bruxelles un capital de compétences et de connaissances importantes. Les Belges peuvent aussi être plus audacieux », souligne Bernard de Grunne.
Audacieux indéniablement, comme le prouve Pierre Loos, en collectant parallèlement aux sculptures primitives, de la peinture congolaise ou de la photographie africaine.

Fils d’un conservateur du musée de Tervuren, Pierre Dartevelle est une référence mondiale pour l’art du Congo. La plupart des pièces maîtresses de l’ancienne collection Baudouin de Grunne ont transité chez lui. Emil Deletaille s’est tissé en quarante ans une réputation dans le domaine de l’art précolombien. « J’ai été le premier à acheter des objets djene du Mali, des pièces indonésiennes, ou l’art maya début classique. J’ai progressivement réduit les objets moyens. Pour que des collectionneurs internationaux veuillent passer par Bruxelles, il faut leur présenter des pièces exceptionnelles, insiste Emil Deletaille, dont la clientèle internationale représente 90 % du chiffre d’affaires. Mais, actuellement, on ne retrouve pratiquement plus rien. J’essaye de puiser dans les collections anciennes pour récupérer des objets que j’ai pu vendre voilà trente ans. » Contrairement à Pierre Dartevelle, qui possède toujours une grande collection personnelle d’art africain, Emil Deletaille a cédé la sienne voilà une quinzaine d’années au Smithsonian Museum. Sur les brisées de ces grands marchands, on retrouve quelques jeunes météorites comme Patrick Mestdagh et Patric Didier Claes respectivement installés depuis 1991 et 1999. Patrick Mestdagh se veut collectionneur-marchand. Aussi éclectique que sympathique, il puise aussi bien dans les kriss indonésiens, les massues de jet des Fidji que les bijoux. « Quand j’ai commencé, je vendais surtout des œuvres anciennes orientales, peu d’Afrique. Le mouvement s’est inversé lorsque j’ai participé à mon premier Bruneaf en 1994 », précise-t-il. Il s’efforce de maintenir une gamme de prix large de 250 euros à plusieurs milliers d’euros pour toucher tout type d’amateurs.

On peut dénicher chez lui un manche de gong des Philippines pour 350 euros ou une magnifique tunique soudanaise du xixe pour 2 500 euros. L’an dernier, dans le cadre de Bruneaf, il avait présenté une belle collection de couteaux de jet africains achetés auprès du peintre belge Maurice Wyckaert. Proposés entre 600 et 3 000 euros, ces objets n’ont pas manqué de séduire le collectionneur suisse Jean-Paul Barbier. Patric Didier Claes bouillonne d’ambition. Chez lui, le ticket d’entrée, de l’ordre de 3 000/4 000 euros, peut grimper jusqu’à 150 000 euros pour un fétiche songye présenté à la dernière Foire des antiquaires de Bruxelles en février. Si, pendant quelques années, il a arpenté l’Afrique, réussissant quelques coups mémorables, il achète aujourd’hui 70 % de ses objets dans les vieilles collections belges. Il peut se targuer de compter dans sa clientèle Jim Ross, un des plus gros amateurs américains actuels.

Galeries d’art primitif

- Ambre Congo, 17 impasse Saint-Jacques, tél. 00 32 2 511 16 62. - Claes Gallery, 32 rue Sainte-Anne, tél. 00 32 2 414 19 29. - Galerie Kevin Conru (sur rendez-vous), 8A Bodenbroek, tél. 00 32 2 512 76 35. - Galerie Pierre Dartevelle, 8 impasse Saint-Jacques, tél. 00 32 2 513 01 75. - Galerie Lin et Emil Deletaille, 30 rue aux Laines, tél. 00 32 2 512 97 73. - Wayne Heathcote Gallery (sur rendez-vous), 2 place du Petit Sablon, tél. 00 32 2 502 65 28. - Galerie Patrick Mestdagh, 31 rue des Minimes, tél. 00 32 2 511 10 27.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°558 du 1 mai 2004, avec le titre suivant : Bruxelles, incontournable pour l’art primitif...

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