Le MoMA à l’heure suisse

L'ŒIL

Le 1 mai 2004 - 330 mots

Une rétrospective Dieter Roth : il fallait oser. L’artiste suisse a exploré tant de cheminements esthétiques et utilisé des supports si divers qu’il paraît très difficile de déceler une unité d’ensemble. Mais le MoMA s’y est employé avec succès. Il y a chez Dieter Roth deux grandes tendances qui entrent en contradiction et qui, de façon surprenante, ont cohabité sans vraiment s’associer durant toute
sa carrière. Roth apparaît d’abord, aux yeux du grand public, comme le créateur qui abolit la rupture entre art et vie. L’autobiographie occupe une très large place dans son travail, que ce soit à travers sa Collection de déchets aplatis ou ses projections de films personnels. C’est par ailleurs le processus même de l’usure biologique qui se trouve fréquemment mis en scène. Très lié à Daniel Spoerri et au mouvement Fluxus, Roth multiplie au cours des années 1960-1970 les œuvres élaborées à partir de matières périssables : lait caillé, nourriture, excrément… Parallèlement aux recherches sur les transformations organiques, il travaille aussi sur l’accumulation des éléments du quotidien, et satisfait ainsi son ambition : lier inextricablement les multiples aspects de la vie à la diversité de l’expression plastique.
Mais, conformément à sa formation initiale, Dieter Roth est également un graphiste appliqué, d’une extraordinaire précision, qui ne cessera d’être influencé parle constructivisme suisse.
Ses autoportraits, produits à partir de distorsions extrêmement savantes, de superpositions colorées et d’un imaginaire proche de Magritte, attestent d’une volonté de maîtrise totale, fort éloignée de son goût pour l’aléatoire et l’instable. Dans un ordre d’idée similaire, Roth s’avérera un grand créateur de livres d’artiste et un professeur très réputé.
À travers la rétrospective organisée par le MoMA, ce sont ces deux versants de Dieter Roth que l’on peut découvrir. Elle offre de quoi mieux comprendre l’influence de l’artiste suisse pendant la seconde moitié du XXe siècle.

« Roth Time : A Dieter Roth Retrospective », NEW YORK (E.-U.), MoMAQNS, 45-20 33th street, Long Island City, Queen, tél. 1 212 708 9400, 12 mars-7 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°558 du 1 mai 2004, avec le titre suivant : Le MoMA à l’heure suisse

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