Abraham Bosse, graveur académicien

L'ŒIL

Le 1 mai 2004 - 389 mots

Dans nos vieux manuels d’histoire figuraient toujours des images d’Abraham Bosse. Quelle austérité, quelle raideur ! Comme tout cela semblait compassé. On aurait pourtant tort de ne pas y revenir, car nulle œuvre mieux que la sienne ne porte la saveur de son siècle. Abraham Bosse (1604-1676) aura en effet « documenté » tous les aspects de la société de son temps. Avec une exactitude, un sens de l’observation et du détail incomparables. Avec humour parfois aussi (peut-être involontaire chez ce huguenot grave et moralisant). Il témoigne des modes et des mœurs de la noblesse et de la haute bourgeoisie. Tout y passe, Nobles à l’église, cérémonies, vie familiale, plaisirs honnêtes ou moins licites, les différents âges de l’homme et toutes les étapes de la vie, de L’Accouchement à la mort en passant par les maladies, l’inévitable Saignée, les bonnes œuvres…
La vie populaire est elle aussi illustrée avec les Cris de Paris et la suite des Métiers, et l’histoire par l’évocation des événements politiques. Mais quoi qu’il représente, Bosse ne cesse de décrire le monde contemporain. Même les personnages de ses allégories ou de ses paraboles chrétiennes sont vêtus à la mode du temps et évoluent dans d’élégants décors Louis XIII.
La manie descriptive, qui n’épargne pas un détail, n’est pas pour rien dans l’étrange densité de ces images, leur irréelle netteté. Mais il y a autre chose : la tyrannie de l’ordre perspectif, qui régit espace et psychologie. La perspective, voilà la grande affaire d’Abraham Bosse. Il l’enseigne à l’Académie de peinture, rédige de nombreux traités, suscite polémiques et querelles.
La seconde partie de sa carrière est surtout consacrée à des activités théoriques.
Son principal apport en ce domaine est son Traité des manières de graver en taille douce, premier manuel de technique de gravure, plusieurs fois réédité et traduit en plusieurs langues. Proche des milieux scientifiques parisiens, il illustre les ouvrages des savants, qu’il s’agisse de géométrie et de perspective (Girard Desargues), de botanique, d’anatomie, d’architecture. L’exposition de Tours met plus particulièrement l’accent sur l’aspect « savant » de l’illustre graveur.

« Abraham Bosse, savant graveur », TOURS (37), musée des Beaux-Arts, 18 place François Sicard, tél. 02 47 05 68 73, 17 avril-18 juillet ; PARIS, Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, 58 rue de Richelieu, IIe, tél. 01 53 79 59 59, 20 avril-11 juillet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°558 du 1 mai 2004, avec le titre suivant : Abraham Bosse, graveur académicien

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