Federico Zandomeneghi, un impressionniste vénitien

L'ŒIL

Le 1 juin 2004 - 448 mots

Né à Venise en 1841, Federico Zandomeneghi ne voit pas ses aspirations artistiques brisées car son grand-père est un sculpteur connu. Il fréquente l’académie des Beaux-Arts de sa ville natale qu’il ressent bientôt comme une prison. Et il n’est pas plus heureux à l’académie de Brera à Milan.
Ses études terminées, il se rend à Florence en 1866 où il découvre le cercle des macchaioli et se lie avec Singorini et Cabiana. Cette même année, il expose un tableau pour la première fois. En 1872, il présente les Pauvres sur les marches du couvent dell’Aracolli à Rome, qui lui vaut une appréciation flatteuse de Camillo Boito, l’auteur de Senso.
Mais il n’est pas satisfait et décide de partir pour Paris. Ce voyage va sceller son destin. Il ne s’intéresse pas tout de suite aux modes d’expression les plus novateurs.
Il admire Delacroix, Corot, Jules Breton et les paysagistes de Barbizon. Il ignore les « Indépendants » jusqu’en 1878. Cette année-là, il s’est installé à Montmartre et a fait la connaissance de Diego Martelli, un Toscan, et c’est sans doute grâce à lui qu’il entre en contact avec le groupe impressionniste. Un an plus tard, il expose avec les artistes indépendants en présentant le portrait de Martelli. C’est Degas qui impose sa présence. À cette époque, Degas a créé son propre cercle au Café du Rat Mort concurrent de celui de Manet qui se réunit à deux pas au Café de la Nouvelle-Athènes.
Zandomeneghi subit l’influence de Degas et va même lui emprunter certains sujets de prédilection, comme les danseuses, les femmes se lavant. Assez curieusement, il ressent une attirance pour Renoir, dont il reprend le traitement velouté de la matière et une certaine inclination pour la joliesse. Après ses premiers paysages et scènes de rue, il choisit la femme comme sujet presque exclusif de son art. Une représentation de la féminité à travers un jeu d’accessoires : le miroir, l’éventail, le corset,
le chapeau, la tasse de thé, le gant. Chacun de ces objet détermine une attitude particulière car, comme Degas, il veut fixer sur la toile un mouvement saisi au vol.
Peu soucieux d’être au Salon (il n’y expose qu’en 1877), il cherche en vain une galerie. Il lui faut attendre 1893 pour que Durand-Ruel accepte finalement de le présenter.
Il est moins timide dans ses dessins que dans ses peintures : son coup de crayon est dur, franc, incisif et ses nus expriment un érotisme sans détours. La belle rétrospective qu’abrite la fondation Mazzotta à Milan permet de se faire une idée précise de l’aventure parisienne de Zandomeneghi.

« Federico Zandomeneghi », MILAN, Fondation Antonio Mazzotta, foro Buonaparte 50, tél. 39 87 81 97, jusqu’au 6 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°559 du 1 juin 2004, avec le titre suivant : Federico Zandomeneghi, un impressionniste vénitien

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