Pierre di Sciullo

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 juin 2004 - 267 mots

Ce qui caractériserait le mieux ce talentueux graphiste ? La facétie et une minutie d’orfèvre. La typographie, les lettres et les chiffres sont ses pierres précieuses qu’il sculpte parfois jusqu’à les éclater pour en créer de nouvelles à la dénomination loufoque : le Durmou, alliance du rond et du pointu ; le Paresseux, uniquement constitué de neuf formes cependant suffisantes pour composer un alphabet, et le Zèbre, rayé bien sûr. Plus compliqué, le Quantage indique la prononciation au sein même du mot correctement orthographié ; une police « orthographico-phonético-plastique » qui corse sacrément la lecture. Mais au-delà d’un plaisir de la forme évident, c’est la lecture qu’il questionne en profondeur : « On essaye de nous faire passer la lecture pour ce qu’elle n’est pas. Pour un processus simple… c’est faux. Je me suis emparé d’un étendard “Réalisez à quel point la lecture est autre chose que ce que vous croyez”. C’est simplement mon plaisir de jouer qui me propulse, en tant que lecteur puis comme “metteur en scène”. » Jouons donc, laissons nos yeux danser avec ces lettres qu’il crée pour le nouveau Centre national de la danse de Pantin qui ouvrira à la mi-juin. De l’enseigne rouge indiquant le mot danse tout simplement en lettres lisibles tout en disproportions et en discordances en façade à toute la signalétique, Pierre di Sciullo va faire valser les esprits, swinguer les yeux pour mieux mettre en condition les spectateurs. D’ici là, faites attention à ce que vous lisez et surtout, à la façon dont vous lirez car le graphiste y est aussi allé de son karaoké de lecture.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°559 du 1 juin 2004, avec le titre suivant : Pierre di Sciullo

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