Les meubles ensoleillés de Provence

L'ŒIL

Le 1 juillet 2004 - 407 mots

Les meubles de Provence annoncent leur provenance ensoleillée par l’abondance des sculptures qui jamais n’altèrent la beauté des lignes dont elles accompagnent le mouvement.
Les petits meubles suspendus qui égayent les murs de la salle commune sont en noyer sculpté. Ils se distinguent par une belle patine. Ils ne sont pas seulement décoratifs, mais destinés à faciliter les gestes de la vie quotidienne. La panetière (la « paniero ») qu’on place au-dessus du pétrin est une cage à barreaux tournés, surmontée d’une corniche en chapeau de gendarme hérissée de « candeliés » appelés aussi « pinacles » ou « bobèches ».
Les méplats de la corniche comme du tablier au contour sinueux sont sculptés de motifs floraux en légers reliefs. Les pieds galbés, qui se prolongent aux quatre coins des montants verticaux, se terminent par une spirale en escargot. La porte qui pivote sur une grosse fiche en métal est garnie, à l’intérieur, d’une forte serrure en fer forgé. La boîte à sel (« saliero ») a la forme d’un coffret à coins arrondies dont le couvercle est facile à soulever du dos de la main. Elle comporte souvent à la base un petit tiroir à épices. La boîte à farine (« fariniero ») présente un panneau qui glisse entre deux rainures. On y introduit la farine, puis le poisson qui, secoué à deux mains dans ce réceptacle, est vite saupoudré pour une friture à la provençale. Le couvercle de la farinière est souvent orné d’un
ou de plusieurs poissons sculptés.
Parmi les petits meubles de rangement, l’« escudelié » est une étagère destinée à la vaisselle courante ; l’« estagnié », généralement à trois étages, est réservé aux assiettes et aux pichets d’étain ; le « couteliéro » a la forme d’un panneau encadré à angle droit de deux planchettes verticales muni d’encoches où l’on place les couteaux. Il peut être suspendu au mur ou posé sur un fond plat, qui comporte parfois un petit tiroir.
Ces petits meubles de charme se raréfient et les prix montent. Ils vont de 700 à 1 200 euros, de la simple boîte à sel à la belle farinière.
La panetière, aussi chère aux hasards des enchères que chez les antiquaires, vaut actuellement de 2 200 à 4 500 euros, selon la richesse du décor sculpté.

L’ISLE-SUR-LA-SORGUE (84), avenue des Quatre otages, Nathalie Légier, tél. 04 90 20 75 17 et sa voisine, Antiquités Bunel, tél. 04 94 03 40 72.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°560 du 1 juillet 2004, avec le titre suivant : Les meubles ensoleillés de Provence

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