Pleins feux sur la Pologne

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 septembre 2004 - 424 mots

Après la chinoise, voici la polonaise. D’une saison l’autre, le programme d’activités que met en œuvre au fil des ans l’Afaa – l’Association française d’action artistique, antenne culturelle du ministère des Affaires étrangères – est l’occasion d’aller à la découverte de situations artistiques étrangères qu’on ne connaît pas toujours bien. À peine a-t-elle rejoint le camp de l’Europe, voilà donc qu’après la Chine la Pologne est à l’honneur et que tout un lot de manifestations nous est offert pour en apprécier la vivacité culturelle. On sait la richesse et les vicissitudes de l’histoire de ce pays, constitué de très nombreuses minorités, notamment ukrainienne, lituanienne et juive ; on sait la part considérable qu’il n’a cessé de prendre tout au long du xxe siècle dans l’instruction de sa modernité ; on sait le rôle et l’importance des échanges qui se sont opérés entre certains villes – comme Lódz –, certains
artistes – comme Malévitch ou Opalka – et les différents foyers européens. On sait tout cela mais il n’est rien de plus passionnant que de le revisiter, à la façon d’Andrzej Turowski, commissaire de l’exposition « L’Art polonais du xxe siècle » que l’on peut voir à Toulon, qui est pleinement efficace. À l’appui d’un vers du poète Cyprian Kamil Norwid – « Fin des temps ! L’histoire n’est plus » – Turowski, s’est appliqué à mettre en valeur ce qui fonde la force et la singularité de la scène polonaise dans ses jeux tissés et multiples de relations multiethniques et d’inventions plastiques. Les œuvres qu’il a réunies et accrochées selon un parcours thématique traversant des séquences comme la pluralité culturelle, le mythe de la ville ou la métaphysique de la peinture blanche composent une anthologie critique – au meilleur sens du mot – très complète. Elle montre bien l’étonnante aptitude de la scène polonaise à trouver ses marques et à se construire une identité sans jamais s’isoler du contexte européen environnant. Répartie sur deux sites dans la ville, l’exposition toulonnaise embrasse le siècle, de Malévitch à Zofia Lipecka, en passant par Kobro, Berlewi, Strzeminski, Wlodarski, Witkiewicz, Marcoussis, Kantor, Opalka, Wodiczko, etc. Peintures, sculptures, dessins, gravures, photos, projections sont au menu d’un programme de très grande qualité. À l’instar de cette œuvre vidéo de Zofia Lipecka, intitulée Après Jedwabne, du nom d’un village victime en 1941 d’un terrible pogrom, et qui ne laisse personne indemne.

« La peinture polonaise du xxe siècle », TOULON (83), hôtel des arts, 263 bd Général Leclerc ; E.S.P.A.C.E. Pereisc, rue Corneille, tél. 04 94 91 69 18, 3 juillet-3 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°561 du 1 septembre 2004, avec le titre suivant : Pleins feux sur la Pologne

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