Une biennale en son contexte

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 octobre 2004 - 398 mots

Pour cette troisième édition, la Biennale de Liverpool s’octroie les moyens de se hisser parmi les manifestations qui comptent, tout en maintenant sa fraîcheur et ses spécificités. Si l’unique biennale britannique d’art contemporain (qui espère cette année pas moins de 200 000 visiteurs) se voit désormais dotée d’un emballage bien normé, d’alternances soignées entre générations émergantes locales et figures confirmées juste ce qu’il faut (Cildo Meireles, Lara Almarcegui, Takashi Murakami, Yoko Ono, Martha Rosler ou Santiago Sierra participent à l’événement), la manifestation réaffirme surtout son soutien envers la jeune scène anglaise et demeure solidement chevillée à la ville de Liverpool. La cité et ses habitants comme expérience, comme contexte et comme matière première ont donc été livrés à quatre curators internationaux pour concevoir « International 04 », vitrine de la Biennale déployée à la Tate Liverpool autant que dans l’espace public. Une énergie et une bonne volonté qui glissent les interventions et les gestes artistiques dans chaque recoin de la ville. Les artistes ont donc inscrit et référencé leurs projets dans le(s) histoires(s) de Liverpool. Le port, les Beatles, la culture musicale, le chômage, l’architecture locale, autant de substances, clichés et motifs puisés dans la ville et que les artistes auront manipulés en confirmant – si besoin était – le succès du dispositif interactif et de l’œuvre comme expérience perceptive sensorielle. Choi Jeong Hwa imagine des expositions évolutives avec la participation des habitants, le Coréen Yeondoo Jung réalise les rêves de quelques volontaires locaux en fixant ces fantasmes par images photographiques, Navin Rawanchaikul présente un dispositif interactif multisensoriel et Cildo Meireles abandonne le contenu sonore de son dispositif aux Beatles et à un groupe venu de Sefton. Autres nouveautés, la venue de la star pop du groupe Pulp, Jarvis Cocker comme membre luxueux du jury amené à décerner le prestigieux prix de peinture John Moores, et le copilotage de la section « New Contemporaries » assuré par Kate Bush, associée à Tacita Dean, Dinos Chapman et Brian Griffiths, un alléchant trio d’artistes, dont la mission aura été de sélectionner une trentaine de jeunes diplômés d’écoles d’art anglaises et d’installer leurs travaux dans le spectaculaire espace du Coach Shed. Des écrins, infrastructures culturelles en pleine fièvre constructive, puisque Liverpool, décidément zélée, attend 2008, année de sa nomination comme capitale européenne de la culture.

Biennale, LIVERPOOL (G.-B), disséminée sur différents sites de la ville de Liverpool, jusqu’au 28 novembre, www.biennial.org.uk

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°562 du 1 octobre 2004, avec le titre suivant : Une biennale en son contexte

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