Egon Schiele, dessins et aquarelles

La carrière d’Egon Schiele ne dure que douze ans, il meurt en 1918 à l’âge de vingt-huit ans. Chef de file de l’expressionnisme autrichien, le jeune artiste laisse derrière lui des centaines d’huiles, mais aussi plus de deux mille dessins et aquarelles. L’ouvrage de Jane Kallir, auteure du catalogue raisonné de Schiele, est une compilation de l’essentiel de l’œuvre graphique, représentative de toutes les périodes et de tous les types de dessins, simples ébauches ou œuvres abouties. Au format d’un guide, laissant la part belle à l’image, il met en perspective l’évolution fulgurante de l’artiste, de ses premiers dessins académiques des années 1905-1907 – le très bel autoportrait de 1906, une Tête de jeune femme datant de 1907 – à ses œuvres torturées, d’une grande force expressive, produites à partir de 1910. Plus directs, plus crus encore que les huiles mais hantés des mêmes obsessions – le sexe et la déchéance du corps –, ses dessins au trait puissant dérangent, heurtent le regard et provoquent (L’Hostie rouge, 1911). Avec une énergie brute et une grande violence parfois, dans l’Autoportrait au bras tordu autour de la tête (1910) au regard effrayant, les corps décharnés du Danseur et du Lutteur (1913), le sexe offert de la Femme aux bas noirs ou du personnage allongé de Vue en rêve (1911). C’est une œuvre forte qui se dévoile au fil des pages, année après année, toujours tendue même lorsque l’artiste s’accorde quelques moments plus doux, La Mère de l’artiste endormie (1911) ou les deux corps enlacés d’Amitié (1913). Egon Schiele se dégage complètement des conventions de la représentation par une utilisation singulière de l’espace et des cadrages qui plongent le spectateur au cœur de la fascinante réalité qui habite ses œuvres.