Olivier Mosset, la peinture vive

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 novembre 2004 - 418 mots

2 janvier 1967, Salon de la jeune peinture : Buren, Mosset, Parmentier et Toroni qui y participent ont choisi de travailler sur place plutôt que dans leur atelier. Le soir même, ils quittent la place emportant avec eux le travail effectué. C’est la première des formes de manifestation de BMPT (initiales de leurs noms). De nombreuses autres suivront qui inaugurent un nouveau rapport à l’art. Début 1968, Olivier Mosset qui réalise alors des peintures simplement constituées d’un cercle noir de 15,5 centimètres de diamètre et de 3,25 d’épaisseur placé au centre de la toile fait paraître un catalogue de trente pages sur son travail. Quatre ans plus tard, il entame une série de toiles rayées verticalement pour multiplier au fil du temps les protocoles de la peinture et de son accrochage : monochromes, lignes et bandes verticales ou horizontales, peinture blanche suspendue au plafond, formes peintes constituées de polyèdres irréguliers, shaped canvas, etc. Exclusivement préoccupé de peinture, Mosset s’applique à en mettre en exergue le travail, au sens le plus mécanique du mot. Dès le début de son activité, le peintre avait souligné que l’importance en ce domaine était d’abord et avant tout de faire voir le déroulement de la fabrication du tableau. À juste titre, l’exposition que lui consacre le Carré d’art s’intitule ainsi « Travaux », comme pour rappeler le fondement problématique d’une œuvre qui, si elle avoue par là son appartenance à une époque donnée, s’est donné les moyens d’une déclinaison plastique qui lui a permis de traverser le temps. Au cœur d’un débat intemporel sur la question du statut du tableau, sur celles de la fonction du signe et de la couleur, l’œuvre de Mosset s’inscrit dans une histoire qu’ont initiée les avant-gardes russes, plus particulièrement des artistes comme Malévitch et Rodtchenko. D’origine suisse, installé tout d’abord à Paris puis à New York, enfin dans l’Arizona, Olivier Mosset est le parangon d’une aventure de la peinture abstraite géométrique, de son déplacement d’Europe en Amérique, de ses investigations plastiques, de ses confrontations avec les avant-gardes émergeantes, telle qu’elle s’est développée depuis un demi-siècle. Telle qu’elle s’est aussi nourrie de tout cela. Fondamentalement critique, au sens le plus prospectif du terme, sa démarche est forte d’une capacité au rebond par-delà toutes les vicissitudes d’une époque qui porte à la peinture un regard détaché. Une œuvre grande et vive.

« Olivier Mosset – Travaux 1966-2003 », NÎMES (30), Carré d’art, musée d’Art contemporain, place de la Maison carrée, tél. 04 66 76 35 70, 15 octobre-9 janvier 2005.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°563 du 1 novembre 2004, avec le titre suivant : Olivier Mosset, la peinture vive

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