Le tatouage, de A à Z

L'ŒIL

Le 1 janvier 2005 - 324 mots

Les institutions ont pris acte de ce phénomène de société que représente la vogue actuelle du tatouage. À Paris, le musée Dapper présente une exposition somptueuse privilégiant la dimension esthétique des œuvres. Bien différente, la manifestation bruxelloise explore les aspects plus purement ethnographiques et sociologiques du sujet. Le titre est d’ailleurs réducteur car l’exposition aborde tous les genres de modifications corporelles, déformation crânienne, excision et circoncision, scarification, « piercing » et autres « branding » (marquage par brûlure). Elle englobe donc un vaste ensemble de pratiques, allant du rituel au judiciaire, et réparties sur l’ensemble de la planète, de la préhistoire à nos jours... Le parti pris fortement didactique permet de ne pas se noyer dans cette profusion encyclopédique qu’illustrent pas moins de trois cent cinquante pièces. Une large part de l’exposition est consacrée aux cultures traditionnelles africaines, asiatiques ou américaines, domaines mieux connus. Sculptures, textiles, gravures, photographies, et jusqu’à une spectaculaire momie tatouée, témoignent de l’ancienneté et de la pérennité du tatouage. Mais les sections les plus étonnantes sont peut-être celles dévolues à l’Occident des temps modernes. Contrairement aux cultures traditionnelles où il est un facteur d’intégration, le tatouage est en Occident un marqueur de différence. Il est admis que le tatouage fut connu en Europe suite aux expéditions du capitaine Cook dans le Pacifique. En réalité, il existe des échantillons de peaux tatouées en Europe datant d’avant ces voyages. Ces échantillons, et d’autres plus tardifs, nous sont parvenus grâce à un commerce de peaux humaines tatouées qui perdura, sous le manteau, jusqu’au milieu du xxe siècle. Le tatouage, au XIXe siècle, devient une attraction : des « artistes » entièrement tatoués s’exhibent dans les foires. Il est aussi l’apanage des soldats, des marins et de criminels dont l’exposition montre des portraits extraordinairement poignants. Avec la « Tatoo Renaissance » des années 1970, le tatouage perd peu à peu ces connotations négatives et entre dans la vie courante.

« Tatu-Tattoo », BRUXELLES, musée du Cinquantenaire, parc du Cinquantenaire 10, tél. 02 741 72 11, jusqu’au 27 février.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°565 du 1 janvier 2005, avec le titre suivant : Le tatouage, de A à Z

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