Marylène Negro : le monde en examen

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 janvier 2005 - 427 mots

Après une période pour le moins discrète, Marylène Negro revient. Et fermement. Pas moins de sept manifestations en quelques mois, et un bouquet final en ce début d’année, avec une exposition puzzle, en plusieurs volets autonomes et complémentaires, dispersée entre Strasbourg, Brest, Sotteville-lès-Rouen, Luxembourg et Carquefou. Envisagée et accompagnée par Jean-Marc Huitorel, cette dernière fait la part belle au travail vidéographique, sans doute le registre le plus solidement et le plus sobrement nourri par l’artiste. Dans les murs du Frac Pays de la Loire, quatre films, apposés comme autant de fenêtres discrètes dans un espace nu, que traversent en sa diagonale un écran de projection et quelques intrusions sonores puisées dans l’ambiance musicale d’une patinoire. Quatre films réfléchis donc par leur assemblage dans l’espace, réfléchis encore en bout de parcours par la projection de Io, montage tendu et délicat de l’univers visuel de Marylène Negro qui puise ici sa matière dans sa propre production vidéographique. Un autoportrait citationnel et « générique », juste commentaire de ce va-et-vient persistant entre les territoires arides du concept et ceux d’une réalité sourdement infiltrée, arpentés par la jeune femme depuis le début des années 1990. Plans à peine instables fixant le regard brun d’une girafe dans un zoo, examen systématique et soutenu d’un/son appartement par une caméra subjective, longeant au plus près poignées de porte, interrupteurs, robinets ou bouilloire, ambiance de patinoire, nuages saisis entre deux verticalités d’immeubles, émergence quasi graphique d’un pont dans un paysage brumeux de port, les films relatent dans leur singularité l’attention patiente, aiguë accordée par Marylène Negro au monde qu’elle regarde autant qu’à celui qui nous regarde, jouant des glissements, mouvements et ambiguïtés retenus entre intérieur et extérieur, espace public et espace privé, paysage et intimité ; en témoigne ici la disposition/dispersion des œuvres : dedans, dehors, entre, à côté, vers le dehors, vers le dedans. Et dans le principal espace d’exposition, deux bancs, deux garde-corps métalliques arrachés à leur attendue fonction, terminent de dérégler, convertir et signaler un espace de circulation, réel. Attentif décidément.

« Marylène Negro, l’œuvre vidéographique », CARQUEFOU (44), Frac Pays de la Loire, La Fleuriaye, tél. 02 28 01 50 00, jusqu’au 13 février. « Viens », STRASBOURG (67), musée d’Art moderne et contemporain, 1 place Hans Jean Arp, tél. 03 88 23 31 31, jus­qu’au 27 mars ; « Steve & Alex », BREST (29), centre d’art Passerelle 41 rue Berthelot, tél. 02 98 43 34 95, jusqu’au 12 mars ; « Rentrer dehors », SOTTEVILLE-LÈS-ROUEN (76) Frac Haute-Normandie, 3 place des Martyrs de la Résistance, tél. 02 35 72 27 51, jusqu’au 16 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°565 du 1 janvier 2005, avec le titre suivant : Marylène Negro : le monde en examen

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