Sotheby’s : le baron à l’encan

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 mars 2005 - 408 mots

Sotheby’s propose les 16 et 17 mars la collection du baron Alexis de Redé décédé l’été dernier. Une vente pour laquelle, une fois n’est pas coutume, la firme américaine n’a pas eu à jouer du fleuret avec sa concurrente Christie’s.
Fidèle en amitié, le baron avait notifié dans son testament que Laure de Beauvau Craon se chargerait de cette dispersion. « C’était un personnage mystérieux, qui ne parlait pas beaucoup, mais était très à l’écoute et très perspicace », rappelle la présidente honoraire de Sotheby’s France.
Locataire dès 1953 du premier étage de l’hôtel Lambert, magnifique demeure décorée par Le Vau et Le Brun sur l’île Saint-Louis, le goût de cet homme du monde était à la mesure du lieu, un savant cocktail d’opulence et d’intimité. Le baron de Rédé avait déjà inauguré les vacations monégasques
de Sotheby’s en cédant en 1975 une partie de ses collections, de concert avec son ami Guy de Rothschild. À cette occasion, un bureau à cylindre mécanique en acajou plaqué de David Roentgen s’était adjugé 740 000 francs (l’équivalent de 433 500 euros aujourd’hui). « Il aimait des objets de grande décoration, très visuels, destinés aux fêtes, avec un côté Grand Siècle, et des objets plus personnels, raffinés qui n’étaient pas montrés », observe Brice Foisil, spécialiste de Sotheby’s.
La vente ne compte qu’une cinquantaine de lots de mobilier, segment qui, en termes comptables, pèse lourd dans l’estimation globale de 3 à 5 millions d’euros. Même si l’ensemble n’a pas la munificence des Rothschild, on repère quelques pièces de résistance, notamment un lustre monumental de trente-deux lumières en bronze doré poinçonné au C couronné et cristal de roche estimé 1 à 2 millions d’euros. Le catalogue comprend aussi un bureau plat Louis XV de Dubois, estimé 500 000-800 000 euros, provenant, d’après les recherches de Patrick Leperlier de Sir Richard Wallace et en seconde instance, du collectionneur Arturo Lopez-Willshaw, ami du baron de Rédé. Le second volet de la dispersion concerne la bibliothèque du baron, enrichie avec l’aide du libraire new-yorkais Martin Breslauer. Plus que dans les travées de la bibliophilie, c’est du côté des souvenirs qu’on prend la mesure du personnage. Le livre du bal oriental que le baron avait donné en 1969 est à l’affiche pour 150 000-200 000 euros. Une estimation coquette pour des fastes d’antan.

Collection du baron de Rédé, 16-17 mars, PARIS, Sotheby’s France, galerie Charpentier, 76 rue du Faubourg Saint-Honoré VIIIe, tél. 01 53 05 53 05.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°567 du 1 mars 2005, avec le titre suivant : Sotheby’s : le baron à l’encan

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque