Crépusculaire Vallotton

L'ŒIL

Le 1 mai 2005 - 258 mots

Même lorsqu’il n’apparaît pas, même en plein jour, le soleil, chez Vallotton, est toujours déclinant. Le « nabi étranger », comme l’appelaient ses amis, avait le crépuscule dans l’âme. C’est ce qui confère à son œuvre amertume et méchanceté, c’est pour cela que les noirs de ses gravures sur bois sont si resplendissants. L’astre rouge des mélancoliques constitue un thème indépendant, qui court tout au long de la carrière de Félix Vallotton (1865-1925) et se concentre dans les vingt dernières années. Le paysage occupe alors une place importante dans son travail. Vers 1900, il obéit encore aux principes du style décoratif et synthétique des nabis ; puis il évolue vers une conception à la fois plus réaliste et plus intellectuelle. C’est ce qu’il appelle le « paysage composé », inspiré du paysage historique de tradition française (Poussin).  Ces œuvres sont peintes de mémoire, en s’appuyant sur un rapide croquis pris sur le motif, et expriment une idée ou un sentiment dominants, sans préoccupations naturalistes. Elles comportent parfois des figures mythologiques, noyées dans de sombres végétations. Les recherches de Vallotton dans le domaine du paysage culminent, entre 1910 et 1920, dans une suite d’extraordinaires couchers de soleil réduits à des formes élémentaires et aux purs contrastes des tons assourdis. Presque abstraits dans leur forme, ils sont plus que jamais les paysages d’une âme qui s’épanche dans les grands accords solennels et funèbres du soleil couchant.

« Félix Vallotton, les couchers de soleil », MARTIGNY Suisse), fondation Pierre Gianadda, 59 rue du Forum, tél. 41 27 722 39 78, 18 mars-12 juin. Cat. 30 euros env.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°569 du 1 mai 2005, avec le titre suivant : Crépusculaire Vallotton

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