Hervé di Rosa, sur le chemin de la maturité

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 juin 2005 - 317 mots

La galerie Louis Carré & Cie accueille pour la troisième fois le zébulon de la Figuration libre, défenseur de l’art modeste, alias Hervé di Rosa. Un artiste dont l’appréciation par la critique et le marché a suivi une trajectoire en dents-de-scie. Ses tableaux foisonnants, grouillants de personnages de BD ou de science-fiction, ont connu leurs belles heures dans les années 1980 avant de subir un purgatoire avec la crise de 1990. On lui aura reproché, comme à son compère Robert Combas, de produire trop massivement. « Je suis un quantitatif. Les ratés sont constitutifs de mon travail », défend l’intéressé. « Pour aller contre le style, la routine », Hervé di Rosa entreprend en 1993 un tour du monde qui le conduit de la Bulgarie au Ghana en passant par le Vietnam et le Mexique. Il y apprend les techniques artisanales qu’il adapte à son travail. « En faisant une sorte de compagnonnage, je voulais percer le secret des images », déclare ce Philéas Fogg sétois. Les tableaux réalisés à Miami que la galerie Louis Carré affiche entre 6 000 et 15 000 euros représentent la douzième étape de ce pèlerinage. Et, pour la première fois, la surprise est au rendez-vous. Là où on attend des compositions touffues, empreintes de baroque, on découvre un certain réalisme poétique. Surgie des marécages voilà une centaine d’années, Miami cristallise la rencontre entre la toute-puissance urbaine et le tiers-monde. Derrière l’image lustrée et touristique du quartier Art déco, Hervé di Rosa saisit des instantanés des zones populaires, parfois misérables, en travaillant sur les questions d’architecture et d’urbanisme sauvage. Le trop-plein de ses compositions précédentes cède la place à des plages de respiration. On regrette toutefois que cette nouvelle maturité soit entachée par l’incursion de personnages échappés de parcs d’attractions, plantés en plein milieu du décor, comme un cheveu sur la soupe. Chassez le naturel, il revient, mais plus piano qu’au galop.

« Hervé di Rosa, Miami Landscape », PARIS, galerie Louis Carré & Cie, 10 avenue de Messine, XVIIe, tél.01 45 62 57 07, jusqu’au 9 juillet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°570 du 1 juin 2005, avec le titre suivant : Hervé di Rosa, sur le chemin de la maturité

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