Parcours

Redécouvrir ses classiques au cœur de Saint-Germain

Par Marie Maertens · L'ŒIL

Le 1 juin 2005 - 790 mots

Pour sa septième édition, Art-Saint-Germain-des-Prés continue de réunir une centaine de galeries qui ouvrent leur porte en nocturne et durant un week-end afin d’attirer une clientèle non accoutumée à ces pénates de la rive gauche et à fidéliser les aficionados.

Pour ceux qui ne pourraient  assister à Art-Saint-Germain, la plupart des expositions se poursuivent durant le mois de juin. Si cette année certaines galeries d’art contemporain n’y participent pas, ayant leur propre opération, on dénote également une défection de celles spécialisées en arts premiers et asiatiques, au profit de leur manifestation Kaos (en septembre). Le programme réserve néanmoins de belles surprises, majoritairement dans les pièces modernes historiques. Parcours choisi et détails des cotes des artistes.
Parmi les fleurons, les galeries L’Or du temps et Les Yeux fertiles présentent une double exposition de Joseph Sima, peintre d’origine tchèque. Peu montrées en France, les huiles et œuvres sur papier de cet artiste, entre l’abstraction et le surréalisme, sont proposées de 6 000 à 60 000 euros. Des prix en pleine ascension compte tenu de la redécouverte progressive de Sima, qui appartenait jusqu’à présent à un marché confidentiel et commence en outre à être racheté par son pays natal.

De bons classiques
Un phénomène que l’on retrouve à la galerie Le Minotaure avec le peintre d’origine russe Serge Charchoune, émigré en France en 1912 et précurseur, bien avant Pollock, des drippings. Comme la Russie cherche à reconstituer son patrimoine et s’intéresse à présent à ses enfants chéris, les toiles, proposées ici à partir de 12 000 euros ne cessent d’augmenter. Il en est de même pour Lanskoy, Poliakoff ou Zadkine. Autre grosse pointure et d’origine polonaise, Henri Hayden et ses œuvres cubistes sont à redécouvrir chez Michel Zlotowski. Il demeure aujourd’hui un des seuls peintres de ce mouvement encore « achetable » et dont on puisse trouver des œuvres sur le marché, avec ici des dessins à partir de 10 000 euros et des toiles aux alentours de 100 000. Loin des prix de ses contemporains Gleizes ou Marcoussis, sa cote tend néanmoins à s’en rapprocher et connaît de régulières croissances. Pour l’anecdote, il n’a représenté durant les années 1914-1921 que des natures mortes car c’était la volonté exclusive de son marchand de l’époque : Léonce Rosenberg ! C’est un peintre cette fois-ci d’origine bretonne dont la galerie Berthet-Aittouarès organise une rétrospective pour fêter le centenaire de sa naissance : Tal-Coat. Des premiers dessins figuratifs jusqu’aux petits formats matiéristes des années 1980, Tal-Coat est l’un de ces artistes suivis par un vrai noyau d’amateurs, qui passe très peu en salle des ventes et sur lequel on ne spécule pas. Ses prix s’échelonnent de 1 000 euros pour les dessins jusqu’à 20 000 pour les grands tableaux. Autre one-man show, celui de Man Ray à la galerie Marion Meyer et autre exposition à ne pas manquer, la sélection d’œuvres d’Arte Povera de la galerie Di Meo, avec des sculptures, dessins et collages de Giuseppe Penone, Mario Merz, Jannis Kounellis ou encore Alighiero e Boetti. À œuvre d’exception : prix fort et il faut débourser au minimum 10 000 euros pour un dessin.

Pas de flambées des prix
Concernant le plus contemporain, la galerie 1900-2000 a choisi de mettre le Brésil à l’honneur à travers vingt-deux artistes brésiliens. Les œuvres sont proposées à partir de 1 000 euros pour les plus jeunes jusqu’à 50 000 pour les têtes d’affiche que sont Frans Krajcberg, Sergio Camargo, Jorge Eduardo ou Samson Flexor. À noter que ces offres sont bien inférieures à celles pratiquées dans leur pays d’origine. On découvre encore un hommage au Pop Art chez Laurent Strouk et Rive Gauche, avec des œuvres inédites de Pavlos qui réinterprète Warhol, Wesselmann et Lichtenstein pour des prix entre 25 000 et 50 000 euros. Une cote qui progresse doucement pour un artiste sur lequel on spécule peu. Toujours dans cette veine américaine, l’hyperréaliste Robert Cottingham est exposé pour la première fois en France à la galerie Trigano. La production très lente et ténue de cet Américain en fait un peintre de plus en plus recherché, avec des œuvres de 14 000 à 80 000 euros. Parmi les jeunes artistes, les paysages urbains de Nieves Salzman, de 800 à 4 000 euros, se contemplent à la galerie Arcturus, Ljuba est à la galerie Rambert avec un « tableau unique » et Hoa Mai présente ses poulains vietnamiens : Le Cong Thanh, Dieu Thuy et Dinh Quan, entre 350 et 8 000 euros. La galerie Meyer, spécialisée dans l’art océanien, fait pour l’occasion un pas de côté vers le contemporain avec le sculpteur péruvien Alberto Guzmán. Cerise sur le gâteau : une projection de Pierrick Sorin est diffusée en plein air.
Rien de révolutionnaire, certes, mais de bons classiques que l’on aurait tort de bouder, représentés par des galeries qui ne pratiquent pas de flambées de prix et demeurent des valeurs sûres pour débuter ou enrichir des collections.

Art-Saint-Germain-des-Près, 26-29 mai, PARIS, www.artsaintgermaindespres.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°570 du 1 juin 2005, avec le titre suivant : Redécouvrir ses classiques au cœur de Saint-Germain

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