Le festival de l’affiche de Chaumont

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 juin 2005 - 461 mots

Pour sa 16e édition, le Festival de Chaumont s’ouvre à la création néerlandaise et déplace rien de moins que tous les étudiants de Werksplaat Typografie (un post-diplôme pointu basé à Arnhem) dans la petite ville de Haute-Marne pour une durée d’un mois. Durant ce laps de temps, ils réaliseront pendant les heures d’ouverture de cette exposition live, un ouvrage sur douze des plus innovants designers graphiques des Pays-Bas, leurs professeurs aussi. Chaque fin de semaine, les élèves offriront l’occasion de constater l’avancée du chantier, au fil des visites des graphistes consacrés dans ce futur livre, d’Experimental Jetset, prestataire pour la poste hollandaise ou le Stedelijk Museum d’Amsterdam, à Irman Boom, plus jeune lauréate du prix Gutenberg, jusqu’au duo Mevis & Van Deursen, concepteurs de la charte graphique du musée Boijmans de Rotterdam.

Graphisme d’auteur
Un autre Hollandais, Harmen Liemburg (ill. 8), s’attaque au prestigieux fonds Dutailly recelant des affiches datant de la fin du XIXe siècle, d’Henri Toulouse-Lautrec et de Vallotton notamment. Ki-ki-ri-ki Tous les soirs, c’est le nom étrange que le graphiste a donné à la réinterprétation graphique qu’il a opérée à partir des chefs-d’œuvre de la collection. Ki-ki-ri-ki pour le titre d’une pièce de théâtre exotique jouée « tous les soirs » dans un cabaret parisien à la Belle Époque dont l’affiche a marqué Liemburg. De ses recherches, le graphiste hollandais en a tiré des photographies et conçu des sérigraphies exposées en regard d’une sélection d’affiches anciennes. Une manière de montrer que les nouvelles générations de designers n’oublient en rien les leçons du passé et de l’histoire de l’art, comme le souligne l’importante rétrospective Cassandre, fer de lance du festival. Répartie sur deux lieux, le musée de la Crèche et les Silos/Maison du livre et de l’affiche, cette exposition s’offre un privilège rare, celui de recevoir parmi de nombreux documents et affiches, l’un des tout derniers exemplaires au monde du triptyque Dubonnet, pièce absente de la présentation parisienne. De l’histoire à une programmation franchement prospective endossée par la sélection néerlandaise et le Français Toffe, Chaumont s’affirme chaque année un peu plus comme une plate-forme essentielle pour la diffusion du graphisme international. La manifestation accueille des centaines de graphistes venus présenter leurs travaux au concours international et échanger leur savoir-faire avec les étudiants invités en workshop à concevoir des affiches pour le 60e anniversaire du Secours populaire français. Une belle manière de relier cette discipline dans sa dimension la plus contemporaine à une relecture fondamentale de l’histoire des arts graphiques. Il serait essentiel qu’aujourd’hui cette énergie puisse pérenniser l’embellie du graphisme d’auteur en France, au-delà de l’événement international incontournable qu’est devenu ce festival au fil de ses trois dernières éditions, dans un lieu enfin dédié à ce seul art.

16e Festival international de l’affiche et des arts graphiques, CHAUMONT (52), www.ville-chaumont.fr/festival-affiches, jusqu’au 26 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°570 du 1 juin 2005, avec le titre suivant : Le festival de l’affiche de Chaumont

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