Au cœur des couvents féminins

Au gré d’un parcours qui suit le plan d’une église – à Essen – et d’un couvent – à Bonn –, plus de cinq cents pièces sont rassemblées en deux lieux pour donner une vision des plus complètes de la vie dans les monastères féminins entre l’an 500 et le début du XVIe siècle, à la veille de la Réforme. Le voile et la couronne, qui donnent son titre à cette remarquable exposition, symbolisent le lien des religieuses avec le Christ, dès lors qu’elles entrent au couvent. Issus de cent cinquante institutions, églises ou trésors conventuels, les objets liturgiques ou personnels, les éléments d’architecture, les tapisseries – l’immense Philosophie du xvie siècle prêtée par le Victoria and Albert Museum de Londres –, les sculptures, les peintures, les chasubles, les manuscrits enluminés réunis ici proviennent de dix pays. Regroupées en fonction de leur valeur d’usage, les pièces s’avèrent souvent surprenantes, jamais vues (un Christ reliquaire au visage de femme, un Christ souffrant en position de penseur). Malgré la grande qualité des œuvres présentées dans la première partie de l’exposition, c’est sans doute la seconde, à Bonn, qui est la plus marquante. En touchant à la vie quotidienne des moniales, l’approche est très humaine, parfois très intime (des fouets de flagellation ; des poupées à l’effigie de l’enfant Jésus et des berceaux, seuls liens des religieuses avec le monde de l’enfance). On imagine ces femmes retirées dans la solitude de leur cellule, se livrant à la prière, à la lecture, à l’écriture. Une immense fresque instructive, émouvante et parfois dérangeante, tant l’exposition nous fait entrer au cœur d’un univers par essence coupé du monde extérieur.