Arsenal/Toujours un peu plus loin

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 septembre 2005 - 355 mots

Par excellence le lieu de toutes les expérimentations, l’Arsenal, dont les anciens bâtiments militaires offrent notamment une interminable galerie, abrite quant à lui l’exposition « Always a Little Further » dont Rosa Martinez est le commissaire.
Tiré d’un ouvrage d’Hugo Pratt, le célèbre créateur de Corto Maltese, le titre de cette exposition laisse donc supposer que les artistes sont à considérer comme de romantiques voyageurs, indépendants, ouverts à tous les aléas de la création en quête de leur propre destinée. Bref, attentifs à toutes les expériences possibles. Pour les deux commissaires, une façon dialectiquement habile de lier d’un bord à l’autre les deux grandes expositions de ce 51e numéro de la Biennale ! Fondée sur l’observation que « l’art est une construction imaginaire et que l’imagination nous aide à mieux appréhender la réalité », l’exposition de Rosa Martinez est fort agréable à parcourir à la différence des années précédentes où il y avait encombrement d’œuvres et surenchère visuelle. Son intérêt réside principalement dans le fait qu’elle est l’occasion de véritables découvertes parce que la quarantaine d’artistes qui y sont convoqués sont plus jeunes, donc pas encore vraiment repérés. Passé le thème, qui n’en est pas un lui non plus, et la première salle audacieusement féministe avec les affiches du groupe Guerrilla Girls et le monumental lustre fait de tampons de Joana Vasconcelos (ill. 10), « Always a Little Further » mêle avec un certain bonheur vidéos, installations, peintures, objets et photos. Et là encore chacun y va de sa pioche. L’un se laisse captiver par les vidéos de foules colorées de Stephen Dean (un autre trop rare Français à Venise), l’autre par celles de l’Américaine Donna Conlon très critique sur l’environnement urbain. Celui-ci trouve lumineuses les vidéos identitaires de l’Albanais Adrian Paci (ill. 6), celui-là s’amuse du rythme tango de celles de Pilar Albarracin, cet autre enfin se plaît à planer dans la capsule de Mariko Mori (ill. 9). Grande absente, la peinture trouve toutefois une expression singulière dans l’installation du groupe Museum of American Art-Berlin, copie conforme mais réduite et accrochage similaire des peintures des deux salles américaines à la Biennale de
1964 qui vit sacrer le jeune Rauschenberg.
Nostalgie quand tu nous tiens !

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°572 du 1 septembre 2005, avec le titre suivant : Arsenal/Toujours un peu plus loin

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