Giardini/L’expérience de l’art ou l’art comme expérience

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 septembre 2005 - 353 mots

Au beau milieu des Giardini se dresse la façade de l’imposant pavillon italien. C’est dans ces locaux, un vrai dédale de salles plutôt spacieuses, qu’à chaque Biennale se tient l’exposition internationale qui se veut en quelque sorte le phare de toute la manifestation. Qui en donne le ton. Maria de Corral, commissaire, a choisi de rassembler cette année quelque quarante-deux artistes internationaux, toutes générations et pratiques confondues, sous l’intitulé générique de « The Experience of Art ». Rien de moins précis, en vérité, de moins engagé et de plus consensuel.
Il faut bien dire que, « dans l’art de ces dix dernières années – comme elle le fait justement remarquer – il est extrêmement difficile de détecter une doctrine artistique dominante ou un style formel, en contraste total avec l’inquiétude permanente que suscitent les effets de la globalisation ou du multiculturalisme ». De là à faire une exposition qui soit un patchwork d’artistes et d’œuvres qui n’ont, le plus souvent, rien à voir ensemble, on ne peut que le regretter. Maria de Corral a beau avoir structuré son exposition en un certain nombre de pistes : la nostalgie du passé, le corps et sa redéfinition, le pouvoir, la critique sociopolitique, l’utilisation de l’image, etc., rien n’y fait. Son exposition n’est qu’une succession de prestations juxtaposées qui ne produit aucun sens et ne repose sur aucun propos explicite. Bien sûr, il y a ici et là des propositions des plus intéressantes. Ainsi des sculptures de Thomas Schütte (ill. 5), de la projection en hommage à Courbet de Perejaume, des cimaises éclatées de Jorge Macchi, des montages façon Méliès de William Kentbridge, de la façade d’immeuble vidéo de Leandro Ehrlich, du film sur une usine désaffectée du Chen Chieh-Jen, du péplum orgiaque en honneur à Caligula de Francesco Vezzoli, du moulage d’escalier de Rachel Whiteread, et de quelques autres encore. Mais que viennent donc faire dans cette galère les peintures de feu Philip Guston et de feu Francis Bacon ? Et ce n’est pas parce que celles de Juan Uslé et de Bernard Frize (le seul Français dans cette exposition) présentent des analogies plastiques qu’il fallait les faire se voisiner – bien au contraire !

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°572 du 1 septembre 2005, avec le titre suivant : Giardini/L’expérience de l’art ou l’art comme expérience

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