Van Gogh, la fièvre du dessin

L'ŒIL

Le 1 septembre 2005 - 532 mots

Rarement exposés, les dessins de Van Gogh réunis à Amsterdam révèlent une production graphique nombreuse, à la hauteur de son œuvre peint.

Encouragé par son frère Théo, Vincent Van Gogh se consacre pleinement à l’art en 1880. Le dessin sera pour lui une activité fondamentale dans l’apprentissage de son métier de peintre. Il veut en maîtriser les différentes techniques, se plongeant dans les manuels, copiant les modèles classiques dans des œuvres qu’il détruira lorsque son propre style s’imposera. Le dessin n’est jamais pour lui un simple outil préparatoire à la peinture : l’un et l’autre s’enrichissent mutuellement, le vocabulaire graphique nourrit la peinture, tandis que certaines toiles inspireront à Vincent quelques-uns de ses plus beaux dessins.
En réunissant plus d’une centaine de feuilles – souvent des grands formats –, l’exposition organisée au Van Gogh Museum rend compte d’une variété et d’un nombre insoupçonnés d’œuvres graphiques. Elles constituent pour la plupart de véritables chefs-d’œuvre, au même titre que les toiles, dont certaines sont ici mises en parallèle (Bateaux de pêche, plage de Saintes-Maries-de-la-mer, en regard de trois études, par exemple).
Ce qui frappe d’entrée dans ce parcours chronologique est l’extraordinaire maîtrise technique de Vincent, dès les années 1880-1881. Les premiers dessins réalisés à Etten, Bruxelles puis La Haye, témoignent d’un travail classique mais habité, au trait sûr et aux contrastes déjà puissants. L’étude de modèles vivants lui inspire quelques portraits particulièrement aboutis, tel un Vieil Homme au grand chapeau, les yeux fatigués, les joues creusées, visage sculptural bouleversant de vérité. L’exposition suit ensuite la carrière de Van Gogh au gré des lieux fréquentés durant les dix années de sa courte carrière. De 1883 à 1885, Vincent est à Nuenen et dessine des arbres noueux d’une grande finesse (Jardin d’hiver, 1884 ; Bouleaux taillés, 1884). Il est ensuite à Anvers dans l’espoir de vendre quelques œuvres en 1885, puis à Paris où il va se tourner davantage vers la couleur, multipliant les natures mortes et les paysages (La Guinguette, 1887 ; Un faubourg de Paris, vu de Montmartre, 1887) ; il produit moins de dessins, consacrant son énergie à la peinture. En 1888-1889, Vincent est en Arles. Il dessine des arbres au pinceau, des chemins aux traits courts et vifs, des paysages plombés de chaleur (Maisons dans le soleil, 1888) et la série des Montmajour, présentée ici dans son intégralité, six paysages à la construction complexe et au vocabulaire graphique – points, traits, signes – d’une incroyable richesse. Après son internement à l’hôpital psychiatrique à Saint-Rémy en 1889-1990 où il continue à dessiner et peindre, Vincent s’installe à Auvers-sur-Oise en 1890. Il peint à un rythme frénétique plus de soixante-dix toiles au cours de ses deux derniers mois, délaissant de nouveau l’art du dessin, mises à part quelques belles études à l’aquarelle et à l’huile, au geste vif et aux tons bleus, ultimes recherches d’un artiste aussi grand dessinateur que coloriste.

« Les dessins de Van Gogh, les chefs-d’œuvre », AMSTERDAM (Pays-Bas), Van Gogh Museum, Paulus Potterstraat 7, tél. 00 31 20 570 52 92, 2 juillet-18 septembre, cat. au musée : Van Gogh Museum/Fonds Mercator, 25 euros ; en France : Citadelles & Mazenod, 39 euros. Pour s’y rendre : www.thalys.fr. L’exposition sera ensuite présentée au Metropolitan Museum of Art de New York, 11 octobre-31 décembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°572 du 1 septembre 2005, avec le titre suivant : Van Gogh, la fièvre du dessin

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