Les photos de Claude Berri, une collection cousue de fil blanc

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 novembre 2005 - 365 mots

Le réalisateur Claude Berri ne s’en cache pas : il aime l’art contemporain. Il s’est constitué ces cinq dernières années une collection de photos achetées souvent à prix fort. Aujourd’hui, le cinéaste que l’on sait malade se dessaisit chez Christie’s de l’essentiel de cet ensemble.

Bien que le goût pour la photographie paraisse naturel pour un cinéaste habitué à l’objectif, l’intérêt de Claude Berri ne s’est déclenché que voilà une quinzaine d’années. Le déclic s’opère en 1996, avec l’achat de plusieurs Graffittis de Brassaï puis s’accélère ces dernières années en terre surréaliste. À feuilleter le catalogue, on devine un penchant pour l’abstraction et le noir et blanc. « On voit une tension forte entre un goût pour ce qu’il y a de plus simple, raffiné, abstrait et une inclination pour ce qui est inquiétant, troublant, surréaliste », relève Philippe Garner, spécialiste de Christie’s.

Man Ray, Bellmer, Cahun
La pièce de résistance de la vente sera un rayogramme de Man Ray (1940, ill. 1) acheté pour la somme colossale de 339 500 dollars chez Sotheby’s en 2002, lors de la dispersion du fonds du MoMA de New York. Pour ce spécimen, qui d’avis d’expert ne serait pas forcément le plus beau de Man Ray, les spécialistes de Christie’s restent dans les clous de la précédente adjudication avec une estimation de 200 000-300 000 euros. La vente compte surtout cinq photos de Hans Bellmer reprenant le thème fascinant de la poupée désarticulée. Un grand tirage de 1935, colorié à l’aniline, est notamment proposé entre 100 000 et 150 000 euros. Rappelons que le record de 185 000 euros pour une photo de la Poupée a été décroché dans la vente André Breton en 2003. Mais il s’agissait là d’un tirage de plus petit format.
Derrière ces prises de guerre, les portefeuilles moins garnis peuvent briguer un petit format de Claude Cahun (ill. 2) entre 25 000 et 35 000 euros, un témoignage du Paris historique par Eugène Atget (20 000-30 000 euros) ou une vue en contre-plongée des gratte-ciel de Manhattan par Berenice Abbott (16 000-24 000 euros). La baraka dont le réalisateur a bénéficiée jusqu’à présent dans ses reventes pourrait transformer en or cette collection cousue de fil blanc.

Collection Claude Berri, vente le 19 novembre, PARIS Christie’s, 9 avenue Matignon, VIIIe, tél. 01 40 76 85 85.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°574 du 1 novembre 2005, avec le titre suivant : Les photos de Claude Berri, une collection cousue de fil blanc

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque