Ventes aux enchères

Objets de stars, objets de désir

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 décembre 2005 - 683 mots

Si les dispersions d’œuvres d’art collectionnées par les célébrités présentent toutes les caractéristiques des vacations classiques, les ventes de leurs effets personnels relèvent surtout du fétichisme.

Dénuées de prétention artistique, ces dernières traduisent mieux que tout autre la folie des enchères. Outre les ventes dédiées à une personnalité, le calendrier des maisons anglo-saxonnes est régulièrement ponctué de ventes de Memorabilia. Les sites de ventes aux enchères sur internet, comme Ebay ou Gotta have it, proposent aussi fréquemment des objets de stars dans des prix attractifs.

Ces ventes soulèvent la question de la provenance. Comment être sûr de « l’authenticité » de tels objets ? « Il est difficile de vendre des objets de stars sans une provenance certaine. Sinon, on ne les accepte pas, remarque Sarah Hodgson, spécialiste de Christie’s. Idéalement, il est bon d’avoir des photos montrant une star avec l’objet qui va être mis en vente. » Pour éviter tout problème d’authenticité, Sotheby’s s’en tient depuis 2003 à des ventes de succession comme celle de l’actrice Katherine Hepburn en 2004. « Pour les ventes d’objets liés aux vedettes du sport, la moitié des pièces qu’on nous propose n’est pas acceptée », indique Lee Dunbar, spécialiste de Sotheby’s.

Quid aussi des estimations ? S’il existe des étalons de valeur pour une commode Louis XV ou un tableau de Vincent Van Gogh, les objets de star se dérobent aux argus traditionnels. « Les objets les plus chers sont ceux qui sont les plus proches de la star, comme des vêtements qu’elle a portées », indique Sarah Hodgson.

Objets dédiés à une star
En revanche, les objets dédiés à une star ne jouissent pas d’une même faveur que ceux possédés par la star en question. En septembre 2004, la vente d’une collection dédiée à l’actrice Brigitte Bardot à Drouot avait soulevé un grand flot médiatique. Le produit de la vente n’a toutefois pas dépassé les 37 228 €.  À cette occasion, une affiche du film Le Mépris est partie pour 826 € tandis qu’une photo de BB dans Et Dieu créa la femme s’est négociée pour 212 €. Ces prix auraient explosé si les objets avaient bénéficié de l’onction de la star.

À l’applaudimètre des pop stars, les Beatles occupent la première place. Les photos signées valent entre 4 000 et 5 000 €. Voilà encore dix ans, on pouvait en dénicher pour 1 500 €. Lee Dunbar conseille une grande vigilance quant aux autographes des Beatles, un grand nombre de faux étant en circulation. Les Rolling Stones ne jouissent pas de la même faveur. Leurs photos des années 1964-1965 se négocient autour de 750 €. Pourquoi une telle tiédeur ? Parce qu’à l’inverse des Beatles le groupe est toujours en activité. Un chanteur mort vaut plus cher qu’un vivant ! Est-ce la raison pour laquelle les reliques du chanteur Eddy Mitchell ont généré des résultats mitigés en juillet dernier chez Christie’s ? À moins que l’aura du chanteur français soit plus nationale qu’internationale ? Sauvant la mise, le disque d’or des Chaussettes noires s’est adjugé pour 3 360 €.
Le fossé reste abyssal face aux performances d’Eric Clapton. Bien que ce dernier soit toujours actif, la guitare que le musicien avait utilisée entre 1970 et 1985 s’est adjugée pour la coquette somme de 959 500 dollars (794 585 €) en juin 2004 chez Christie’s.

Accessoires de cinéma
Dans le domaine cinématographique, les reliques des années 1930-1950 sont les plus recherchées. Mais les aficionados lorgnent vers des fétiches plus récents. Le fouet d’Indiana Jones s’est ainsi vendu chez Christie’s pour 26 000 livres sterling (38 105 €) voilà trois ans. De même, lors de la succession de Marlon Brando en juin 2005, le script de travail du film Le Parrain (1972) s’est propulsé à 312 800 dollars (259 037 €) sur une estimation de 10 000 dollars. Comme toujours, le marché est dominé par les stars anglo-saxonnes.

Repères

Jacky Kennedy Onassis Succession chez Sotheby’s (1996). 34,45 millions de dollars pour 1 301 lots. 9 sessions de ventes réparties sur 5 jours. 107 692 catalogues vendus. Duc et duchesse de Windsor Collection dispersée chez Sotheby’s (1998). 23,2 millions de dollars pour 2 987 lots. 18 sessions de ventes réparties sur 9 jours. 31 000 catalogues vendus. Marilyn Monroe Succession chez Christie’s (1999). 13,4 millions de dollars pour 529 lots, en 2 sessions de ventes.

Les sites/les ventes

Sites internet pour acheter des effets de stars www.ebay.com www.gottahaveit.com Vente Sidney Bechet 7 décembre, à Drouot Richelieu, SVV Delorme Collin du Bocage, tél. 01 58 18 39 05.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°575 du 1 décembre 2005, avec le titre suivant : Objets de stars

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