Xavier Veilhan

Surexposition

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 décembre 2005 - 390 mots

Apparu dans les années 1990, Veilhan compte parmi les artistes français présents sur la scène internationale. Maniant sculpture, photographie, technologies nouvelles, installations et images en mouvement dont il bouscule la perception, son univers se peuple d’objets hybrides, d’animaux (monstre, ours, pingouin, rhinocéros) et de véhicules de toute sorte, qu’il traite de façon ambivalente. Formes minimales et représentation pop, rapports d’échelles, irrésolution entre abstraction et figuration, image virtuelle et présence réelle se conjuguent pour générer des objets/images synthétiques. D’une séduction toute assumée.
À Strasbourg, pour remettre en situation ses propres travaux à l’occasion d’une rétrospective, l’artiste rassemble des œuvres antérieures et nouvelles sur des dispositifs de présentation qu’il veut très visibles, dans un espace qui offre au visiteur une vision d’ensemble pour une multiplication des points de vue. Sur cette surface unifiée, il installe son Rhinocéros (1999), sorte d’avatar de l’animal en résine, à échelle 1, présentant une carapace/carrosserie d’un rouge vif et rutilant.
À la fois image virtuelle et présence monumentale, sculpturale et superbe, l’animal est taillé en facettes lustrées, exhibant une nature vacillante privée de détails : une étape d’image en 3D traitée numériquement et convertie en corpulent volume dans l’espace réel. Trop ou pas assez rhinocéros, l’animal se fait pourtant objet de désir.
Xavier Veilhan lui adjoint une série de statues juchées sur des socles. Variant les échelles et les matières, ces corps humains en 3D sont eux aussi des transpositions d’images électroniques, mais d’un hyperréalisme aigu obtenu par un procédé technologique complexe capable de générer ces sortes d’instantanés en volume. S’y ajoute encore un drôle de mécanisme à Coucou, un mobile fixant sur un portique des boules noires polies, un écho fait à son propre « Studio » ou encore un Paysage fantôme (de la série commencée en 2002) dont les motifs s’ajustent ou se dissolvent en fonction de la distance d’observation.
Vigoureusement présents et furtifs, images arrêtées ou expériences de la durée, les objets de Xavier Veilhan ainsi rassemblés semblent comme redistribuer l’espace. Une boîte, une scène, précisément chiffrée et construite qui se présente comme une fiction d’exposition, dont il dévoile tout autant l’envers que l’endroit. La rétrospective qui est la sienne s’impose alors encore comme une énonciation d’outils et de champs de travail.

« Xavier Veilhan, Plein emploi », musée d’Art moderne et contemporain, 1 place Jean Arp, Strasbourg (67), tél. 03 88 23 31 31, jusqu’au 18 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°575 du 1 décembre 2005, avec le titre suivant : Xavier Veilhan

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