L’envolée de la cote Perriand

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 décembre 2005 - 559 mots

La cote du mobilier Perriand a progressé depuis les années 1980. Dans un marché sélectif, les pièces les plus rares sont
naturellement les plus prisées.

 Dans les années 1970, le marchand Alan Grizot achète pour 3 500 francs auprès du Crous sept tables éclairantes conçues par Charlotte Perriand en 1951 pour la Maison de l’étudiant de médecine, à Paris. En 1985, il en revend deux, chacune pour 50 000 francs, au galeriste suisse Bruno Bischofberger. Dans la vente jalon du Regard d’Alan en 1991, une table éclairante est préemptée par les Musées nationaux pour la somme de 175 000 francs. Dans la même vente, le Centre Pompidou se porte acquéreur pour 69 000 francs d’une bibliothèque pour la Maison de la Tunisie. Un autre exemplaire de cette bibliothèque s’adjuge pour 350 000 francs en mai 2001 chez Tajan. Le prix se situe aujourd’hui plutôt autour de 30 000 euros en ventes publiques jusqu’à 75 000 euros en galerie. « Les différends entre les ayants droit de Perriand et Prouvé perturbent un peu les collectionneurs », remarque le marchand Philippe Jousse.

Étagères plébiscitées
Charlotte Perriand étant la grande prêtresse du rangement, ses étagères murales éditées par Steph Simon sont plébiscitées entre 50 000 et 120 000 euros. Autre modèle prisé des collectionneurs, la table forme libre. En 1987, la galerie Jousse cédait une table forme libre pour l’équivalent actuel de 20 000 euros. En 2001 à Drouot, Philippe Jousse surprend ses confrères en achetant pour 786 000 francs une table basse noire de forme libre, éditée en 1958 par Steph Simon. Les prix de ces modèles ont bien progressé depuis. À la Biennale des antiquaires de Monaco l’été dernier, la galerie Patrick Seguin cédait une table forme libre pour 190 000 euros. Les prix de ces modèles avoisinent ceux des tables modèle Trapèze de Jean Prouvé.
Dans un marché aujourd’hui très sélectif, les pièces rares ou exceptionnelles décrochent la timbale. Pour preuve, un buffet à deux portes coulissantes issu de la collection de madame Chetaille s’est adjugé pour 2,05 millions de francs au collectionneur François Pinault en octobre 2001 chez Cornette de Saint Cyr. De même, à la Biennale des antiquaires en septembre 2004, l’imposante bibliothèque en jacaranda et panneaux de jonc tressé, réalisée à Rio (1 million d’euros) avait été réservée sur le stand de la galerie Downtown. Si les grands classiques jouissent d’une cote indéfectible, le mobilier conçu pour la station des Arcs peine en revanche à se vendre. Les tabourets de cette provenance se négocient entre 2 000 et 4 000 euros.

Phénomère de réédition
Comme beaucoup d’autres créateurs, Charlotte Perriand a été rattrapée par le phénomène des rééditions. Néanmoins ces dernières ne sont pas réalisées « à l’identique ». Avec le bahut Riflesso en bois laqué noir et bordeaux récemment édité par Cassina, on se retrouve devant un cas particulier, à mi-chemin entre réédition et création. Dessiné en 1937, ce bahut n’existait qu’en version murale. Cassina le décline aussi sur pied et joue sur de nouveaux matériaux (prix entre 3 175 et 4 040 euros).
Un produit « entre deux » qui ne risque pas de perturber la cote des pièces originales de Perriand.

Autour de l’exposition

Informations pratiques L’exposition « Charlotte Perriand » a lieu du 7 décembre au 27 mars, tous les jours sauf le mardi de 11 h à 21 h, jeudi jusqu’à 23 h. Tarifs pour l’expo : 7 et 5 €. Pour les expos et le musée : 10 et 8 €. Centre Georges Pompidou, Paris IVe, tél. 01 44 78 12 33, www.centrepompidou.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°575 du 1 décembre 2005, avec le titre suivant : L’envolée de la cote Perriand

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