Charlotte Perriand, l’art d’habiter

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 décembre 2005 - 523 mots

La rétrospective de Charlotte Perriand au Centre Pompidou rend hommage à une pionnière du mobilier d’architecte. Parcours d’une théoricienne de l’art d’habiter, joyeuse et militante.

Le Centre Pompidou met à l’affiche la créatrice Charlotte Perriand (1903-1999), dont l’histoire épouse l’ensemble du xxe siècle. L’occasion de rendre hommage à une femme anticonformiste qui aura marqué par ses principes humanistes le mobilier des années 1920 à 1960.
De 1920 à 1925, Perriand suit les cours de l’Union centrale des Arts décoratifs. Son diplôme en poche et fraîchement mariée, elle s’attelle au remaniement de son appartement, place Saint-Sulpice. En 1926, elle présente au Salon des artistes décorateurs le Coin du salon, à l’esprit encore Art déco, puis l’année suivante le Bar sous le toit au Salon d’automne. Foin d’esthétisme, ses recherches portent déjà sur la construction et le fonctionnalisme. Séduit, l’architecte Le Corbusier l’engage dans son atelier, où elle travaillera jusqu’en 1937.
Après avoir prôné le métal dans un manifeste en 1929, année où elle participe à la création de l’Union des artistes modernes (UAM), Perriand se replie en 1935 sur le bois, avec une chaise paillée. Le bois est moins coûteux d’autant que les meubles en métal conçus chez Le Corbusier et édités par Thonet sont peu compétitifs face au marché  allemand. Les préoccupations de cette femme de conviction ne sont pas non plus déconnectées du climat politique. Après un séjour à Moscou, elle adhère en 1932 à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires.

L’essentiel réside dans le vide
En 1940, invitée par le ministère du Commerce et de l’Industrie, elle embarque pour Tokyo. Elle retrouve dans la fabrication vernaculaire des maisons japonaises les principes modulaires prônés par Le Corbusier. L’enseignement tiré du Japon se retrouve dans L’Art d’habiter, numéro spécial de Techniques et Architecture de 1950, année où elle conçoit l’équipement de l’immeuble Air France de Brazzaville.
« Ce n’est que dans le vide que réside vraiment l’essentiel », écrit-elle. En 1952, elle initie une collaboration avec les Ateliers Prouvé et Steph Simon. Son dernier grand projet, la station de ski des Arcs, l’occupera de 1967 à 1988. De son appartement de Saint-Sulpice aux programmes d’équipements collectifs, elle mettra toujours l’homme – et non son ego – au cœur de son travail.

Biographie

1903 Naissance à Paris. Son père est tailleur, sa mère couturière. Elle grandit entre Paris et la Savoie où sont installés ses grands-parents. 1920-1925 Formation à l’école de l’Union centrale des Arts décoratifs de Paris. 1927 Elle expose au Salon d’automne Bar sous le toit et rejoint l’atelier de Le Corbusier et de Pierre Jeanneret, rue de Sèvres. 1930 Elle voyage seule en URSS, séparée de son mari. Aménagement du Pavillon suisse de la Cité universitaire de Paris. 1937 Elle quitte l’atelier de Le Corbusier et collabore avec Fernand Léger. 1940-1946 Voyage au Japon qui ne devait durer que 6 mois. À cause de la guerre, elle ne reviendra que 6 ans plus tard. 1967 Premiers projets pour l’aménagement de la station de ski des Arcs en Savoie. 1985 Rétrospective au musée des Arts décoratifs de Paris. 1993 Elle crée la Maison de thé dans les jardins de l’Unesco à Paris. 1999 Elle meurt à Paris.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°575 du 1 décembre 2005, avec le titre suivant : Charlotte Perriand, l’art d’habiter

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