Vermeiren

Solides sculptures

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 décembre 2005 - 331 mots

Au jardin des Tuileries, à Paris, le promeneur peut découvrir une sculpture qui ne manquera pas de l’interpeller. Intitulée Place, elle est constituée d’une grande dalle en pierre qui fait office de socle et sur laquelle sont disposés un ensemble de chariots qui s’entrecroisent dans un savant jeu d’équilibre. Œuvre de Didier Vermeiren, né à Bruxelles en 1951, cette sculpture minimale, d’une singulière puissance de trait, est l’une des commandes publiques les plus justes qui soient dans ce jardin. Depuis dix ans, lors de sa dernière exposition parisienne au Jeu de Paume, l’occasion ne nous avait pas été donnée de voir le travail de cet artiste.
C’est dire le plaisir de le retrouver au musée Bourdelle. Les Solides géométriques qu’il y présente, s’ils en appellent à la question du socle comme élément identitaire de la sculpture, interrogent aussi celle-ci par rapport aux notions de masse et de facture. Les deux volumes qui les composent – un élément inférieur de bois peint en noir et un élément supérieur de terre cuite émaillée blanche – s’offrent dans une radicalité conceptuelle.
Tantôt remués jusqu’à laisser paraître la trace de la main, tantôt lisses et taillés dans la masse même de leur matériau d’argile, les blocs émaillés de Vermeiren imposent au regard une présence aveuglée et une solitude d’éternité que renforce leur contraste avec la noirceur monumentale des volumes sur lesquels ils sont placés.
La présentation simultanée au musée de photos-reliefs prises par l’artiste de son atelier et d’un ensemble de photographies anciennes lui appartenant en dit long sur sa fascination pour une histoire de la sculpture telle que l’ont écrite des artistes comme Canova et Rodin. Il suffit pour bien le mesurer de s’attarder sur cette prodigieuse image de la Pensée exécutée par ce dernier en 1886. Les Solides de Vermeiren sont de la même engeance que le bloc grossièrement taillé duquel surgit cette sublime figure.

« Didier Vermeiren. Solides géométriques. Vues d’atelier », musée Bourdelle, 16 rue A. Bourdelle, Paris XVe, jusqu’au 8 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°575 du 1 décembre 2005, avec le titre suivant : Vermeiren

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