Une histoire de genres

L'ŒIL

Le 1 janvier 2006 - 394 mots

Point capital de l’histoire de l’art, la naissance des genres en peinture a été jusqu’ici peu traitée. Les expositions se penchent le plus souvent sur un genre en particulier – le portrait, le paysage, la nature morte… – ou sur les questions relatives à la hiérarchie qui les régit et hisse jusqu’à la fin du XIXe siècle la peinture d’histoire au plus haut rang.
En puisant dans une partie méconnue de ses collections – les peintures flamandes et hollandaises d’avant 1620 –, le musée d’Art et d’Histoire de Genève entend montrer l’émergence des genres et de quelle manière, à la fin du xve siècle, l’art de dévotion va peu à peu ouvrir de nouveaux horizons aux artistes. Le paysage ou la nature morte prennent alors progressivement le pas sur la figure jusqu’à devenir des sujets à part entière.
Les genres existent dès l’Antiquité, pour disparaître au Ve siècle lorsque la conception de la représentation évolue, que les artistes passent de la recherche d’un illusionnisme en trois dimensions à une iconographie chrétienne tournée vers le symbole. Il faut attendre Giotto (1266 ?-1337), en Italie, pour assister à un retour à des préoccupations tridimensionnelles, de profondeur et de perspective.
Les mêmes tendances sont perceptibles dans la peinture flamande dès le début du XVe siècle, et se confirment dans les anciens Pays-Bas à la première moitié du XVIe siècle, peu de temps avant la Réforme.
Le développement du marché de l’art à Anvers puis à Amsterdam au cours des décennies suivantes et les goûts de nouveaux commanditaires qui n’appartiennent plus seulement au clergé et à l’aristocratie vont encourager les artistes à peindre de nouveaux sujets, portraits, paysages ou natures mortes.
Conçue en cinq parties, l’exposition réunit 32 peintures et aborde en premier lieu les images de dévotion qui en composent le noyau et permettent de montrer comment les personnages vont laisser, peu à peu, une place grandissante à ce qui les entoure, leur environnement et leur décor. Forte d’un vrai sujet, cette présentation permet au public de découvrir des œuvres peu connues – La Tentation de saint Antoine (vers 1520) de Jan Wellens de Cock, le Paysage de montagne (1607) de Roelant Savery, particulièrement représentatif de l’autonomie qu’acquiert le paysage à cette période – et de faire vivre les prestigieuses collections du musée.

« La naissance des genres, la peinture des anciens Pays-Bas avant 1620 », musée d’Art et d’Histoire, 2 rue Charles Galland, Genève, tél. 022 418 26 00, jusqu’au 12 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°576 du 1 janvier 2006, avec le titre suivant : Une histoire de genres

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