Henri Cartier-Bresson

L’instant décisif

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 janvier 2006 - 323 mots

Que reste-t-il encore à dire à propos de Cartier-Bresson, icône absolue de la photographie du xxe siècle ? La fondation Gianadda y répond de copieuse et fraternelle manière, présentant pas moins de 226 photographies issues de la collection Sam, Lilette et Sébastien Szafran.
Sam, le père, le peintre, rencontre Cartier-Bresson le photographe au tout début des années 1970, alors qu’il participe au groupe Panique, aux côtés de Topor, Arrabal et Jodorowsky. Le peintre donnera même des cours de dessin au photographe qui abandonnera en 1974 son médium pour se consacrer pleinement à la pratique de l’autre. « L’appareil photographique est pour moi un carnet de croquis », écrivait Cartier-Bresson.
De cette longue amitié est finalement née une collection privée exceptionnelle, placée sous le signe de la complicité, ponctuée de clichés comme autant d’objets de souvenirs ou de témoignages – parfois dédicacés – de partages et de rencontres.
Les portraits d’artistes et d’écrivains y figurent tout naturellement en bonne place. S’y glissent même des épreuves signées Doisneau ou Man Ray, aux côtés de quelques-unes des figures décisives dans l’univers de cet amoureux de Van Eyck, Cézanne et Piero della Francesca : celle du vieux Matisse qu’il photographia dans son atelier, celle de Giacometti que l’un des clichés saisit dans un mouvement de marche, souple, délié, légèrement penché, littéralement encadré de deux de ses longilignes et hautes silhouettes.
« Je suis un voleur qui donne », disait encore Cartier-Bresson. Guidé par le hasard du vivant, attentif au moment le plus juste, soucieux de la géométrie maîtrisée de sa composition, il intercepte (patiemment) et restitue cet intense sentiment de fugacité, comme il le fit en 1932 avec l’un de ses plus célèbres clichés présent dans l’exposition, Derrière la guerre Saint-Lazare, dans lequel Cartier-Bresson saisit une silhouette derrière une palissade, sautant par-dessus une flaque d’eau.

« Henri Cartier-Bresson, La collection Sam, Lilette et Sébastien Szafran », fondation Gianadda, rue du Forum 59, Martigny, tél. 41 27 722 39 78, jusqu’au 19 février.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°576 du 1 janvier 2006, avec le titre suivant : Henri Cartier-Bresson

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