Primitifs italiens

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 janvier 2006 - 335 mots

La galerie G. Sarti présente un accrochage de 23 tableaux du XIIIe au début du XVIe siècle. Catalogue érudit à l’appui, le panorama épouse l’évolution de la peinture italienne, permettant d’en mesurer sans lourdeur les moments charnières. Si les tableaux les plus anciens de la sélection portent encore l’empreinte du hiératisme byzantin, on sent progressivement la création d’un nouveau langage : gestes et visages deviennent plus expressifs, la perspective, qui ne sera maîtrisée que plus tard, fait timidement son apparition.
Connu pour ses fresques à l’église Santa Croce à Florence, Agnolo Gaddi siège en majesté avec une Vierge à l’Enfant (950 000 €). Une œuvre de maturité emprunte d’une plus grande sensibilité que ses compositions statiques de jeunesse. On remarque d’ailleurs la posture étonnante de l’enfant Jésus qui, contrairement aux canons habituels, n’est ni assis ni debout, mais agenouillé.
Le XIVe siècle florentin s’impose aussi avec une crucifixion du maître de la miséricorde. Ce petit panneau était originellement le volet d’un diptyque, ou d’un triptyque portable. La fluidité des contours et la délicatesse du modelé font de cette crucifixion un pur spécimen du gothique tardif.
Au xve siècle, l’art italien évolue au contact de la peinture flamande. Emblématique de ce changement, une Vierge à l’Enfant d’Alvaro Pirez d’Evora (380 000 €), dont le fond d’or est particulièrement travaillé. « Cette période de l’œuvre de Pirez voit le développement de l’expression des sentiments (tendresse entre la mère et l’enfant, douceur et intimité des gestes, utilisation du thème de la Vierge d’humilité qui rapproche Marie des hommes), l’apparition d’une plus grande souplesse dans le dessin des personnages et des drapés, l’instauration d’un rythme des motifs ornementaux dans le fond », écrit Claire Sarti dans le catalogue.
Au fur et à mesure de l’avancée dans le siècle les compositions deviennent plus sophistiquées. Une complexité à laquelle certains préfèreront la maladresse poétique des XIIe-XIVe siècles.

« Splendeurs de la peinture italienne, 1250-1510 », galerie G. Sarti, 137 rue du Fg Saint-Honoré, Paris VIIIe tél. 01 42 89 33 66, jusqu’au 14 janvier.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°576 du 1 janvier 2006, avec le titre suivant : Primitifs italiens

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