Curiosa et erotica

L’art qui émoustille les sens

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 1 février 2006 - 539 mots

Même si l’art érotique n’est pas une spécialité artistique, il a ses amateurs… en majorité des hommes. Et beaucoup de marchands possèdent un « enfer », une petite réserve d’œuvres licencieuses.

L’art érotique, appelé erotica ou curiosa, n’est pas vraiment une spécialité artistique. Il n’y a aucune enseigne spécialisée sur ce thème. Mais il n’est pas rare que dans certains domaines (photographies, livres, arts asiatiques), des marchands ne possèdent pas un « enfer », c’est-à-dire une petite réserve cachée où sont entreposées des œuvres licencieuses.
La littérature érotique est une branche particulièrement prisée de la bibliophilie. Et l’une des plus onéreuses : de 1 000 à 500 000 € le livre. Ce sont toujours les mêmes ouvrages qui sont les plus recherchés tels Les Sonnets luxurieux de l’Arétin ; Justine ou les Malheurs de la vertu du marquis de Sade ou encore les écrits érotico-poétiques de Pierre Louÿs. Mais le talent de l’illustrateur fait toute la différence. À tel point que les mauvais textes sont parfois sauvés par des dessinateurs talentueux.
Dans les ventes aux enchères, on trouve parfois des curiosités comme un préservatif du XIXe en boyau de mouton, avec la marque d’une maison close (1 000 € à Drouot). Mais les chineurs trouvent plus souvent leur bonheur dans les boîtes, étuis, automates, gravures, miniatures, témoignages du XVIIIe siècle libertin symbolisant à la fois le côté interdit, le secret d’alcôve et l’aspect moqueur.
Les images pornographiques de couples débauchés (le marquis et la bonne ou le moine et la religieuse cloîtrée) font fantasmer les acheteurs, en écrasante majorité des hommes.

Estampes japonaises
L’estampe japonaise érotique s’étend sur une courte période, de 1753 à 1850. Cinq grands artistes (les mêmes que pour l’estampe classique) se partagent cette production illégale : Eisho, Haronubo, Hokusaï, Shuncho et Utamaro. Ce dernier a d’ailleurs fait de la prison, chaînes aux pieds. Au XVIIIe siècle, ces images pornographiques où le sexe des hommes est toujours exagéré, circulaient sous le manteau dans les maisons de thé des geishas. Elles étaient parfois offertes en cadeau de mariage pour l’éducation sexuelle des jeunes époux. Comptez 2 000 € pour une planche de qualité moyenne jusqu’à 25 000 € pour les plus beaux exemplaires. Aujourd’hui encore, malgré leur reconnaissance par la société occidentale, leur diffusion est interdite au Japon. Une hypocrisie totale.

Les galeries/les maisons de ventes

SVV Eve, 25 rue Drouot, Paris IXe, tél. 01 53 34 04 04, www.auctioneve.com. Le commissaire-priseur parisien Alain Leroy a fait de l’erotica l’une de ses spécialités avec deux ventes par an. La prochaine a lieu le 26 avril à Drouot. Christie’s, 9 avenue Matignon, Paris VIIIe, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com. La maison de ventes met aux enchères le 27 avril la bibliothèque érotique la plus importante au monde, celle de Gérard Nordmann, soit un ensemble de mille ouvrages datés de 1527 à 1975 ! Galerie Berès, 35 rue de Beaune, Paris VIe, tél. 01 49 27 94 11. Troisième d’une génération de femmes à exposer des estampes japonaises, Florence Berès construit une collection érotique à voir sur demande. Galerie Jacques Barrère, 36 rue Mazarine, Paris VIe, tél. 01 43 26 57 61, www.artasie.com. Galerie fondée en 1969 faisant autorité dans les arts d’Extrême-Orient, en particulier la sculpture chinoise et d’Asie du Sud-Est. Quelques beaux

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°577 du 1 février 2006, avec le titre suivant : Curiosa et erotica

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