Du bon usage de l’art

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 1 mars 2006 - 341 mots

Cela fait longtemps déjà que certains objets se sont immiscés dans le monde de l’art. On ne reviendra pas sur les fameux Fontaine (un urinoir), Hérisson (un porte-bouteille), Roue de bicyclette, ou encore, Porte-chapeaux de Duchamp. Mais une question se fait, ces dernières années, davantage récurrente : l’art peut-il être utilitaire ? On notera, ici, que la question pourrait d’ailleurs aussi bien se poser dans l’autre sens, en l’occurrence : le design peut-il être une œuvre d’art ?
Mais cette seconde interrogation n’est pas abordée dans l’exposition que propose le centre des arts d’Enghien-les-Bains et qui se penche sur ce « point de perméabilité » entre art et design. Baptisée « Intérieur Jour », elle réunit une vingtaine de pièces récemment acquises par le Frac d’Île-de-France.
Celles-ci se divisent grosso modo en deux camps. Il y a d’abord les artistes qui interrogent frontalement le design. Ainsi en est-il des deux Sièges modifiés de Bertrand Lavier, Panton/Eames et Bertoia/Eames, qui mixent allègrement des assises de designers célèbres pour créer des objets hybrides. Moins subversive mais tout aussi amusante est cette pièce de Mathieu Mercier, Lampe et son caisson lumineux, la photographie d’une lampe de chevet avec abat-jour montée sur caisson lumineux, laquelle joue, de fait, elle aussi un rôle de lampe.
Pour les autres artistes, l’objet du quotidien ne sert que de support à une réflexion sur le rapport à notre environnement direct, voire sur nos comportements d’utilisateurs.
Les étonnantes Tables avec ventilateur de Roman Signer sont maintenues, par un câble, à quelques centimètres du sol et vacillent légèrement à cause de l’air propulsé par les ventilateurs.
Plus loin, le feu de bois chic de Didier Marcel ressemble à un mikado de branches de bouleau proprettes, enchâssées à chaque extrémité d’un embout en inox poli miroir.
Point commun de ces œuvres : elles renvoient toutes à l’idée d’une fonctionnalité. Est-ce pour mieux revendiquer leur lien avec le réel ?

« Intérieur Jour », centre des arts, 12/16, rue de la Libération, Enghien-les-Bains (95), tél. 01 30 10 88 97, www.cda95.fr, jusqu’au 19 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°578 du 1 mars 2006, avec le titre suivant : Du bon usage de l’art

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